Le non-respect des droits des femmes plus inquiétant que la surpopulation dans le monde ?

Faire respecter les droits des femmes à disposer de leurs corps au lieu de cultiver l'anxiété face à la surpopulation. Telle devrait être la priorité des gouvernements selon les Nations unies.

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 femme et un enfant somaliens
Une femme et un enfant somaliens attendent une place dans un camp de déplacés à la périphérie de Dollow, le 20 septembre 2022. Environ 43 000 personnes sont mortes en Somalie cette année-là en raison de la sécheresse, dont la moitié était probablement des enfants.
©AP Photo/Jerome Delay
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Y a-t-il trop d'habitants sur Terre ? Selon le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), en charge des questions de santé sexuelle et reproductive, là n'est pas la question principale. 

Dans son rapport annuel sur l'état de la population mondiale, le FNUAP constate que la population mondiale est en général jugée trop nombreuse, alors que le passage de la barre des huit milliards d'habitants devrait plutôt être une raison de se  réjouir. De fait, "c'est une étape qui représente des avancées historiques pour l'humanité dans les domaines de la médecine, de la science, de la santé, de l'agriculture et de l'éducation", peut-on lire dans le rapport.

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Repenser la démographie

Au lieu de s'inquiéter du pic attendu à 10,4 milliards d'êtres humains sur la planète dans les années 2080, le monde devrait se préoccuper des difficultés des femmes à exercer leurs droits en matière de procréation, estime le rapport du FNUAP. Les Nations unies appellent ainsi à repenser radicalement la démographie en se concentrant sur les droits des femmes.

Chaque année, un demi-million de naissances ont lieu chez des filles âgées de 10 à 14 ans.
Natalia Kanem, directrice du Fonds des Nations unies pour la population

Selon Natalia Kanem, qui dirige le FNUAP, la question principale n'est pas de savoir si la population est trop nombreuse, mais si "chacun peut exercer son droit fondamental à choisir le nombre de ses enfants et l'espacement des naissances."

Or la réponse est négative pour près de la moitié des femmes (44%) : "Elles ne peuvent pas choisir leur contraception, leurs soins de santé et décider si elles veulent avoir des relations sexuelles ni avec qui. Et dans le monde, près de la moitié des grossesses ne sont pas désirées... Chaque année, un demi-million de naissances ont lieu chez des filles âgées de 10 à 14 ans", observe ainsi amèrement Natalia Kanem.

Le rapport du FNUAP constate que les gouvernements, mus par l'anxiété face à la surpopulation planétaire, adoptent de plus en plus de politiques visant à augmenter, à réduire ou à maintenir les taux de fécondité. Non seulement ces efforts restent-ils le plus souvent inefficaces, mais le réchauffement climatique qui menace notre environnement n'est pas dû à la prolifération des êtres humains sur une planète aux ressources limitées. En effet, les pays ayant les plus hauts taux de fécondité sont ceux qui contribuent le moins au réchauffement, mais qui souffrent le plus de ses conséquences, souligne Natalia Kanem.

Taux de fécondité mondial au plus bas

"La population mondiale se réorganise rapidement", déclare Natalia Kanem, car, alors que la population atteint des records, "le taux de fécondité moyen mondial est le plus bas de mémoire d'homme".  

Le classement des pays les plus peuplés du monde devrait changer au cours des 25 prochaines années, l'Inde étant en train de détrôner la Chine. Huit pays représenteront la moitié de la croissance de la population mondiale d'ici à 2050 : la République démocratique du Congo, l'Egypte, l'Ethiopie, l'Inde, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines et la Tanzanie. 

Les deux tiers de la population vivent dans des pays à faible taux de fécondité. C'est selon Natalia Kanem "la première fois dans l'histoire de l'humanité" que l'ensemble des pays ne voient pas leur population s'accroître. 

Les pays ayant les taux de fécondité les plus élevés se trouvent tous en Afrique : Niger, Tchad, RDC, Somalie, Mali et République centrafricaine. Les taux de natalité les plus faibles sont eux en Corée du Sud, à Hong Kong, Singapour, Macao, Saint-Marin, Aruba et en Chine. L'Europe est la seule région qui devrait connaître une baisse globale de sa population d'ici à 2050.

Le taux de fécondité mondial est actuellement de 2,3 enfants par femme. Quant à l'espérance de vie, elle est de 71 ans pour les hommes et de 76 ans pour les femmes. "Depuis 1990, l'espérance de vie moyenne a augmenté d'environ dix ans", déclare Natalia Kanem. Un quart de la population mondiale est âgée de 14 ans ou moins ; 65% a entre 15 et 64 ans et 10% a 65 ans ou plus.