Le populisme au féminin : quand les Européennes prennent les rênes de formations politiques peu enclines à la défense du “deuxième sexe“

Ce n'est pas nouveau : déjà au XXème siècle, alors même que le mouvement féministe émergeait, des Européennes, nombreuses, rejoignaient les rangs de partis populistes ou fascistes, bien peu disposés à soutenir la cause des femmes, sauf comme mères de famille. Dans l'Allemagne nazie on les appelait même les "mères patries". En ce début du XXIème siècle, en Europe ou aux Etats Unis, ces partis populistes aux allures plus policées mais aux vieilles idées séduisent encore le "deuxième sexe", et sont bien souvent dirigées par des femmes. Une contradiction qu'ont explorée à travers le vieux continent, trois jeunes journalistes, pour TV5Monde et la Chaîne parlementaire.
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Le populisme au féminin : quand les Européennes prennent les rênes de formations politiques peu enclines à la défense du “deuxième sexe“
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Le populisme au féminin

L'alerte est venue des Etats-Unis avec la présidentielle de 2008 : face à Barak Obama et à son colistier Joe Biden, le sénateur républicain McCain affichait, croyait-il, une carte maitresse en ayant choisi comme future vice-présidente Sarah Palin. Cette femme vigoureuse et sans inhibition, entourée de sa famille nombreuse, énonçait pourtant des idées ultra conservatrices : non à l'avortement, congé parental étendu pour permettre aux mères de rester au foyer. Un discours soutenu par une xénophobie appuyée qui attira des légions d'hommes et de femmes, et qui fut repris par le "Tea party", une branche radicale de droite des Républicains dont les échos furent amplifiés par sa cheffe de file, la sénatrice Michele Bachmann, ou par Christine O'Connel, lors de la présidentielle américaine 2012.

En Europe, en même temps que les vieilles ou nouvelles démocraties de l'Union regardaient avec inquiétude la montée des nationalismes à l'ombre de la crise, et constataient avec impuissance les scores de plus en plus importants des partis populistes ou d'extrême droite (l'appellation dépend de l'angle de vue...), sans qu'on n'y prenne garde, comme en Amérique du Nord, ces formations politiques étaient prises en main par des femmes, toutes bâties sur le même modèle : blondes, bien bâties et "fortes en gueule". En Hongrie (et son effrayant Jobbik à l'antisémite flamboyant) ou en France, en Belgique ou en Suisse, au Danemark ou en Norvège, leurs propos sont plus ou moins lissés, derrière lesquels percent toujours nationalisme, xénophobie, voire racisme, et traditionalisme dès que l'on touche au corps que ce soit par le biais de l'avortement ou de l'homosexualité.

Hanna Ladoul, Matthieu Cabanes, Marco La Via ont suivi ces dirigeantes, en traquant leurs contradictions. Dont leur approche du féminisme n'est pas la moindre. A toutes, les jeunes journalistes ont posé cette question : êtes-vous féministe ? La réponse est récurrente : "s'il s'agit d'être féministe à la manière de ces "harpies" des années 70/80, qui défendaient le droit à disposer de son corps et à être les égales des hommes, certainement pas ! Mais s'il s'agit de défendre les droits des femmes dans les pays musulmans, sous la coupe de cette horrible religion, alors oui, nous sommes féministes" - ou quand le racisme se fait moteur d'un féminisme détourné et vandalisé...
 
De gauche à droite et de bas en haut, les six cheffes européennes de partis ultra nationalistes et populistes, suivies dans le documentaire : Marine Le Pen, présidente du Front national (France) ; ?Pia Kjærsgaard?, présidente du parti nationaliste Parti populaire danois (Dansk Folkeparti) ; Céline Amaudruz, vice-présidente de l'UDC - Union démocratique du centre (Suisse) ; Siv Jensen, présidente du Parti de progrès norvégien (?Fremskrittspartiet?) ; Anke Van Dermeersch, cheffe du groupe Vlaams Belang (Intérêt flamand) au sénat belge ; Krisztina Morvai, cheffe de file du Jobbik hongrois (?Jobbik Magyarországért Mozgalom?), Mouvement pour une Hongrie meilleure, au Parlement européen