Le porno, "une école des violences sexuelles", selon un rapport du HCE

Une violence banalisée, érigée en modèle. Des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes. Des contrats de consentement illégaux. En France, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes publie un rapport accablant sur l'industrie pornographique.

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Rapport HCE

Le HCE publie ce 27 septembre 2023 les conclusions d'une étude menée pendant un an et demi sur des sites internet qui diffusent images et vidéo pornographiques.

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« Notre objectif est de choquer les consciences en décrivant crûment les pratiques de torture qui sont monnaie courante dans l’industrie pornographique. Nous parlons de 'pornocriminalité' car ces pratiques sont illégales et tombent sous le coup de Code pénal », explique à l’AFP Sylvie Pierre-Brossolette, présidente du HCE.

Après plus d’un an et demi de travail, le Haut Conseil à l'Egalité publie une étude menée sur les quatre principales plateformes pornographiques (Pornhub, XVideos, Xnxx, Xhamster).

90% des contenus pornographiques présentent des actes non simulés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes, constate le Conseil. Dans ces millions de vidéos, les femmes, caricaturées des pires stéréotypes sexistes et racistes, sont humiliées, objectifiées, déshumanisées, violentées, torturées, subissant des traitements contraires à la dignité humaine et… à la loi française. 

L'instance cite pour exemples des vidéos intitulées « triple anal », « prolapse » (« extériorisation des organes internes dus à un anus ou vagin détruit pas des pénétrations brutales ») ou « gangbang » (« plusieurs hommes pénètrent simultanément une femme dans plusieurs orifices »).

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Des contrats de consentement illégaux

« On compte 1,4 million de vidéos avec des pratiques sadiques : choking (étranglement), bukkake (des dizaines d’hommes pénètrent une femme puis éjaculent sur elle), gangbang, gagging (étouffement par fellation profonde), torture, électrocution, surprise (« qui correspond à un viol ») », écrit le HCE.

Ce n’est pas du cinéma, ces actes ne sont pas simulés, ils sont réels. 

Sylvie Pierre-Brossolette, pdte HCE

« Ce n’est pas du cinéma, ces actes ne sont pas simulés, ils sont réels », souligne Sylvie Pierre-Brossolette. « Les contrats que font signer ces firmes aux femmes sont illégaux : on n’a pas le droit de tirer profit de l’exploitation du corps humain et consentir à un acte de violence sur sa propre personne. Ils servent à réduire ces femmes au silence », explique-t-elle.

Pour le HCE, « l’industrie pornographique a pour modèle économique l’enrichissement par la diffusion sans contrôle, illégale, de millions de vidéos, dont les préjudices pour les personnes filmées sont incommensurables ».

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« École des violences sexuelles »

La moitié des garçons de 12 ans se rendent chaque mois sur des sites porno, selon l’Arcom, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique.

« C’est une école des violences sexuelles : 42 % des garçons exposés au porno pensent que les filles apprécient les agressions physiques dans leurs relations sexuelles », déclare la présidente du HCE.

Le HCE demande de poursuivre devant les tribunaux les producteurs et diffuseurs de ces contenus, « contraires au Code pénal ».  En France, plusieurs procédures judiciaires sont en cours avec des dizaines de producteurs mis en examen pour « viols en réunion », « traite aggravée d’êtres humains », « proxénétisme aggravé » ou même « viol avec acte de torture et de barbarie », rappelle le HCE. Actuellement, 17 personnes sont poursuivies dans le cadre de l'affaire Bukkake.

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Aux États-Unis, des procès se préparent aussi contre Pornhub, accusé de trafic sexuel et pédocriminalité. « Ces procès, espérons-le, seront exemplaires, contre une industrie qui prospère sur la haine et la violence misogyne, dans l’indifférence générale et l’impunité la plus totale », relève le rapport.

Une loi de contrôle et de surveillance ?

Le HCE demande une nouvelle loi qui autoriserait Pharos (la plate-forme de ministère de l’Intérieur) à faire retirer de l’internet les séquences de violences et de torture de la pornographie.

Nous ne demandons pas l’interdiction du porno, mais de lutter contre ces séquences illégales, de plus en plus présentes et violentes dans la pornographie engagée dans une course au clic. Sylvie Pierre-Brossolette

« Nous ne demandons pas l’interdiction du porno, mais de lutter contre ces séquences illégales, de plus en plus présentes et violentes dans la pornographie engagée dans une course au clic, et accessibles à tous sur internet », ajoute Sylvie Pierre-Brossollete.

« La violence dans les rapports sexuels est érotisée, banalisée et présentée en modèle à la société. Il faut protéger la société, et en particulier les mineurs, contre cette souffrance », estime-t-elle.

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