Les trois plus puissantes femmes de l'Etat islandais, chacune à la tête du gouvernement, du parlement et de l'Eglise, devront faire avec un homme. Briguant un 5e mandant, Olafur Ragnar Grimsson a été largement réélu, samedi 30 juin 2012. Sa rivale Thora Arnorsdottir est arrivée loin derrière.
Olafur Ragnar Grimsson et son épouse dans leur bureau de vote à Reykjavik samedi 30 juin 2012.
La journaliste star n’a pas détrôné le président sortant. Thora Arnorsdottir a obtenu 33,2% des voix contre 52,5% pour Olafur Ragnar Grimsson, selon des résultats officiels partiels annoncés dans la nuit de samedi à dimanche. Sans expérience politique, âgée de 37 ans, elle avait misé sur la carte du changement face au seize années de pouvoir de son adversaire. Enceinte de son troisième enfant, elle avait débuté sa campagne sur les chapeaux roues. Mais au fil des semaines, celle qui voulait être une présidente « non-politique », dans la lignée de Vigdis Finnbogadottir,(présidente de l'Islande de 1980 à 1996 et première femme au monde élue démocratiquement) s'est essoufflée sans parvenir à élargir ses cercles de soutien. Olafur Ragnar Grimsson, lui, a fait valoir son image « d'homme fort et indépendant ». Une réputation qu'il s'est bâtie avec une grande habileté politique au lendemain de la crise financière de 2008 quand il a tenu tête au Parlement et a refusé de signer la loi Icesave, un plan de remboursement à la Grande-Bretagne et aux Pays-Bas de 3,8 milliards d'euros suite aux pertes de leurs épargnants dans la faillite de cette banque en ligne islandaise. Il s'est aussi déclaré à maintes reprises opposé à l'adhésion de l'Islande à l'Union européenne, gagnant le soutien des isolationnistes, un courant encore puissant sur cette île de l'Atlantique nord, située à équidistance de l'Europe et de l'Amérique. Olafur Ragnar Grimsson entame donc son 5e mandat, à l'âge de 69 ans. Un record en Islande. Depuis son indépendance en 1944, cette ancienne colonie danoise a connu cinq présidents dont trois ont fait au maximum quatre mandats. En revanche, pas de record en matière de féminisation du pouvoir politique. La cheffe du gouvernement Johanna Sigurdottir, la présidente du parlement Ásta Ragnheiður Jóhannesdóttir et la première évêque de l'Eglise protestante, la révérende Agnes Sigurdardottir, n'accueilleront pas une 4e femme à la tête de l'Etat islandais.