Fil d'Ariane
We will not allow attacks on our health, rights or communities. Sign on to say you #StandWithPP: https://t.co/6R6y8aObqf #IStandWithPP pic.twitter.com/PwP4aIuyL7
— Planned Parenthood (@PPact) 23 janvier 2017
"Les femmes les plus vulnérables dans le monde vont souffrir de cette politique, qui va saper des années d'efforts en faveur de la santé des femmes", s'inquiète Cecile Richards, la présidente de Planned Parenthood. "Cela va provoquer des fermetures de cliniques dans le monde entier, avec pour corollaire une augmentation des grossesses non désirées et des avortements dangereux", prévient-elle en appelant à mener "combat". Plus que jamais...
Le fait que le gouvernement de M. Trump et les républicains du Congrès mettent à profit leur première semaine aux commandes de l'Etat pour s'attaquer à la santé des femmes en dit long sur leurs priorités
Steny Hoyer, réprésentant, démocrate, du Maryland
L’institut Guttmacher qui fournit des statistiques sur le contrôle des naissances et l'avortement aux États-Unis et dans le monde depuis 50 ans rappelle les bienfaits de cette politique américaine d’aide à la planification ses naissances dans le monde, une première fois interrompue sous la présidence du républicain et ancien acteur Ronald Reagan : « Depuis plus de 45 ans, les États-Unis - par l'intermédiaire de son Agence pour le développement international (USAID) - se sont imposés comme le chef de file mondial pour l'amélioration de l'accès des femmes à la contraception dans les pays les plus pauvres du monde. L'autonomisation des femmes via le contrôle de leur fertilité apporte des bénéfices non seulement à elles-mêmes, mais aussi à leurs enfants et à leur famille. Cela signifie moins de grossesses non désirées, souvent à haut risque, et moins d'avortements, dont la plupart dans le monde en développement sont exécutés dans des conditions dangereuses. Un meilleur espacement des naissances favorise aussi la santé des mères, de leurs bébés et familles, et leur octroie de meilleurs revenus, pour elles-mêmes et la société toute entière ». Ce qui entraîne, indirectement, moins de tentative d’émigration à destination des pays riches, comme les Etats-Unis, un effet qui devrait pourtant plaire à Mr Trump, si hostile aux migrants. Et moins d'avortements. CQFD
Le décret signé par Donald Trump "représente une agression à l'encontre de la santé des femmes", a de son côté jugé l'ACLU, la grande association américaine de défense des libertés. "Le fait que le gouvernement de M. Trump et les républicains du Congrès mettent à profit leur première semaine aux commandes de l'Etat pour s'attaquer à la santé des femmes en dit long sur leurs priorités", a dénoncé pour sa part le parlementaire démocrate Steny Hoyer. Elle ouvre en tout cas la boîte de Pandore aux décisions les plus saugrenues, à l'encontre du Droit fédéral, de gouverneurs pro-vie en vue d'empêcher ce qu'ils considèrent comme un crime, confortés dans leur toute puissance par un président qui attaque dès le premier jour de son mandat.
Presqu'encore plus que la décision elle-même, ce qui a choqué les opposants au nouveau président, c'est le cadre dans lequel elle a été prise : avec derrière un Donald Trump, assis et occupé à signer ses premières initiatives, comme un rideau opaque, une brochette d'une dizaine d'hommes, blancs, debout, couvant des yeux leur nouveau héros. "Aussi longtemps que vous vivrez, vous ne verrez jamais la photo de sept femmes signant une loi qui dit ce que les hommes doivent faire avec leurs organes reproductifs… ", épingle Martin Belam, du Guardian britannique, face à cette image, tout à la fois terrifiante et éclairante.
As long as you live you'll never see a photograph of 7 women signing legislation about what men can do with their reproductive organs pic.twitter.com/dXjfVjnRiX
— Martin Belam (@MartinBelam) 23 janvier 2017
Une semaine avant l'investiture du nouveau président, le New York Times faisait le compte : jamais depuis Ronald Reagan, c'est à dire depuis près de 30 ans, une administration américaine n'avait compté aussi peu de femmes et de personnes issues des minorités. Cinq sur 23, pas une de plus, et à des postes subalternes : quatre femmes, dont trois "blanches" - l'une à l'Education, l'autre aux PME (petites entreprises), la troisième ambassadrice auprès des Nations Unies - et une d'origine asiatique -aux Transports ; un homme, afro-américain, au secrétariat d'Etat à la Ville.
Les partisans du magnat de l'immobilier revêtu des habits présidentiels sont, pour leur part, enchantés d'un président qui met aussi vite ses paroles en actes.
Comme les associations "Pro Life", qui militent contre l'avortement, et qui ont aussitôt félicité Donald Trump pour son initiative. Désormais galvanisés par l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, les opposants américains à l'IVG comptent engranger d'autres victoires sous sa présidence. Ils n'ont pour certains pas attendu : depuis l'élection du 8 novembre 2016, ils ont déjà adopté dans certains Etats républicains des mesures anti-IVG draconiennes, qui flirtent parfois avec les libertés constitutionnelles. Comme au Texas, qui a voulu mettre en oeuvre les fameux enterrements de foetus préconisés par Mike Pence (en attente d'autorisation). Une illégalité dont ils se moquent éperdument depuis que Donald Trump s'est engagé à nommer très prochainement à la Cour suprême un juge farouchement opposé à l'IVG, et qui fera basculer la juridiction supérieure en faveur des "pro-life". A terme, explique encore M. Trump, auréolé de son frais décret, le nouveau rapport de force qu'il compte ainsi instaurer pourrait déboucher "automatiquement" sur l'annulation de l'arrêt "Roe V. Wade".
Le fameux backlash des « petits » hommes blancs contre les droits des femmes aux Etats-Unis, identifié par la féministe américaine Susan Faludi dans son livre « La guerre non déclaré contre les femmes aux Etats-Unis », paru en 1991, et rappelé par la correspondante du Monde aux Etats-Unis dans une enquête sur l'électorat de Donald Trump, le confirment : voici bien venu le temps de "la revanche des hommes blancs en colère".