Le projet européen de féminiser les conseils d'administration torpillé

Neuf pays de l'Union européenne, dont le Royaume-Uni et les Pays-Bas,viennent de signifier à Bruxelles leur désaccord sur le quota obligatoire de 40 % de femmes que la commissaire Viviane Reding envisage d'imposer aux conseils d'administration des sociétés cotées d'ici à la fin de la décennie.
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Le projet européen de féminiser les conseils d'administration torpillé
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Le projet européen de féminiser les conseils d'administration torpillé
Viviane Reding va avoir du mal à imposer des quotas de femmes dans les conseils d’administration des sociétés européennes cotées comme elle l’avait prévu. A l’image de ce qui se pratique déjà dans certains pays, dont la France et l’Espagne, la Commissaire européenne à la justice voulait proposer que 40% des sièges dans les conseils soient réservés aux femmes à horizon 2020. La portée d’une telle mesure n’aurait été que symbolique, d’une part parce que ces instances ne sont pas décisionnaires  - ce sont les comités exécutifs qui le sont - et, d’autre part, parce que la promotion de ces femmes tend avant tout à favoriser une élite - certaines administratrices, toujours les mêmes, cumulent en effet plusieurs mandats. Il n’empêche :  la proposition pourrait être morte-née. Certes, elle sera bien officiellement présentée dans les prochains jours,  mais ne sera sans doute jamais adoptée par le Parlement. Et pour cause, les ministres de neufs pays-membres, le Royaume Uni, la Bulgarie, la République Tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte et les Pays Bas, viennent d’envoyer une lettre à la Commission faisant état de leur opposition à un tel projet. De quoi torpiller le projet lors d’une discussion au Parlement.... Si les signataires reconnaissent bien qu’il n’y a pas assez de femmes dans les conseils d’administration (aujourd’hui, elles ne représentent que 13,7% de l’ensemble des administrateurs),  et que les barrières faites aux femmes dans leur carrière professionnelle sont « inacceptables », ils refusent l’idée qu’une directive européenne oblige les entreprises à agir. Et préfèrent que ces décisions soient prises au niveau de chaque pays... Autant dire que la souveraineté a la vie dure. Pis, certains pays, le Royaume Uni en tête, refusent toute législation nationale sur cette question et s’en remettent au volontariat des entreprises.... Difficile cependant de compter sur la bonne volonté des sociétés européennes : entre octobre 2010 et janvier 2012, l’augmentation de la représentation des femmes dans les conseils d’administration n’a augmenté que de 1,9% en Europe. Bref, à ce rythme, si on laisse faire les entreprises, il faudrait des années pour que la proportion de 40% soit atteinte !

Lysiane J.Baudu

Lysiane J.Baudu
Ancienne grand reporter à La Tribune, Lysiane J. Baudu a rencontré, pendant ses 20 ans de journalisme international, des femmes du monde entier. 
Ces "rencontres" feront l'objet de billets, qui lui permettront de faire partager ses impressions, ses analyses, son ressenti au contact de ces femmes, dont l'action professionnelle fait sens pour toutes les autres, de même que pour la société.