Fil d'Ariane
Lise Payette a été animatrice d’émissions de radio et de télévision très populaires, mais elle laisse surtout sa marque dans la société québécoise quand elle entre en politique, dans les années 70, au sein du gouvernement du Parti Québécois, le parti indépendantiste de René Lévesque.
C’est là qu’elle peut concilier les deux grandes causes de sa vie : faire l’indépendance du Québec et promouvoir la libération des femmes.
Quand le PQ prend le pouvoir, en 1976, René Lévesque la fait entrer dans son gouvernement et elle occupera plusieurs ministères.
On doit à Mme Payette la création de la Société d’assurance automobile du Québec, la SAAQ, l’organisme gouvernemental qui gère les immatriculations et le renouvellement des permis de conduire au Québec et qui surtout élimine la notion de responsabilité des conducteurs advenant un accident. Si toutes les voitures qui circulent dans la province ont la devise « Je me souviens » sur leurs plaques d’immatriculation, c’est sur son initiative (avant, la devise sur les plaques était : « La belle province »).
En tant que ministre de la condition féminine, elle participe à la mise en place de centre d’hébergement pour les femmes en difficulté.
Elle offre aussi aux enfants québécois la possibilité de prendre le nom de leur mère, au même titre que celui de leur père. Et c’est aussi grâce à elle que les Québécoises ont eu le choix de garder leur nom de jeune fille quand elles se mariaient au lieu de prendre le nom de leurs maris. Autant d’avancées fondamentales et significatives pour la cause féministe.
A retrouver sur ce sujet dans Terriennes :
> Mariées, elles disent "oui" avec leur nom de jeune fille
La campagne pour le premier référendum sur l’indépendance du Québec, en 1980, la marque au fer rouge avec l’histoire des « Yvettes ». Lise Payette, alors ministre de la Condition féminine, et dans le camp des « Oui » à l'indépendance lance au chef du camp du « Non », Claude Ryan (qui par ailleurs souhaite que les femmes demeurent au foyer) une pique contre son épouse en la qualifiant d’«Yvette », un personnage stéréotypé des manuels scolaires québécois. Les militantes du Parti libéral ne tardent pas à exploiter cette bévue de la ministre et mettent sur pied un « Brunch des Yvettes » à Québec, suivi de plusieurs autres, dont celui de Montréal qui attire plus de 15 000 militantes du camp du « Non ». Le mouvement des « Yvettes » aurait permis de renverser la tendance initiale de 47 % en faveur de l’option du « Oui ».
D’aucuns accuseront donc Lise Payette d’être en partie responsable de la défaite cuisante du camp du oui lors de ce référendum. Elle est à côté de René Lévesque quand il prononce sa célèbre phrase, au soir du rejet de l’indépendance par 60% des Québécois : « si j’ai bien compris, vous êtes en train de me dire : à la prochaine fois ». Dépitée, elle quitte la politique, et se lance dans une fructueuse carrière de scénariste de télé-romans, auteure et productrice. Elle était très appréciée du public et ses télé-romans ont connu un vif succès.
Les chefs des quatre partis politiques québécois ont fait une pause dans leur campagne électorale en cours au Québec pour rendre hommage à Lise Payette.
Le premier ministre sortant, le chef libéral Philippe Couillard, a tenu à souligner l’impact de Mme Payette sur la vie des Québécois : « Dans la vie quotidienne des gens, si on demandait à des gens qui ne l’ont pas connue, si on leur disait qu’elle est la fondatrice de l’Assurance automobile publique du Québec, ça c’est un impact public sur les gens d’aujourd’hui, même pour ceux qui ne le savent pas ».
Je viens d’apprendre le décès de madame Payette. Elle a grandement contribué à faire avancer les droits des femmes et nous lui devons aussi la création de la @SAAQ. Ce matin, mes pensées sont avec sa famille, ses amis et ses proches. Mes plus sincères condoléances.
— Philippe Couillard (@phcouillard) 6 septembre 2018
J’apprends avec tristesse le décès de Lise Payette.
— François Legault (@francoislegault) 6 septembre 2018
Elle aura marqué le Québec.
On est plusieurs à s'être couchés tard pour écouter "Appelez-moi Lise".
Elle fut une grande féministe.
Nous saluons sa mémoire et offrons nos condoléances à ses proches. pic.twitter.com/VNWyHsWbIK
Intelligence, aplomb, convictions, Lise Payette a changé nos vies de téléspectateurs, donné des droits aux consommateurs, tracé la voie pour des générations de femmes en quête de liberté et d’égalité. Chapeau Madame. #polqc https://t.co/UfaKBzurma
— Jean-François Lisée (@JFLisee) 6 septembre 2018
Mme Payette a été une bâtisseuse, une nécessaire entêtée. Elle a pavé la voie pour les femmes comme ministre avec le gouvernement de M. Lévesque dans les années 70.
— Manon Massé (@ManonMasse_Qs) 6 septembre 2018
J’adresse mes sincères condoléances à ses proches et à sa famille.
Décès de Lise Payette - «C'était une femme d'audace, qui avait une telle détermination qu'on ne pouvait pas lui résister. On perd quelqu’un qui est très important dans la vie du Québec, des Québécoises et des Québécois.»
— Radio-Canada Info (@RadioCanadaInfo) 6 septembre 2018
Pauline Marois, ex-première ministre, lui rend hommage. pic.twitter.com/uVhikcA1tR
Grande perte pour le Québec et les femmes ce décès de madame Lise Payette toutes mes sympathies à ces proches
— Carole Tremblay (@caro250962) 6 septembre 2018
Le Québec perd une figure importante du féminisme dont le parcours a tracé la voie pour des générations de femmes, en plus d’avoir marqué notre télévision et contribué à l’État québécois. Mes plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Lise Payette. #Polqc
— Marie Montpetit (@Marie_Montpetit) 6 septembre 2018
Lise Payette a, comme Janette Bertrand, dans un langage qui était celui de celles et ceux qu'elles voulaient atteindre, contribué à changer les mentalités et donc les comportements. La société lui doit beaucoup. Elle n'était pas parfaite mais elle a donné le meilleur d'elle-même.
— Joseph Latrémouille (@zef999) 6 septembre 2018
Permettez que je vous appelle Lise... Adieu Lise, reposez en paix, vous nous avez légué tout un patrimoine, à nous d’en prendre soin. Bon voyage chère âme ! #LisePayette pic.twitter.com/Nme3bSpxYz
— Danièle Lorain (@Danielelorain) 6 septembre 2018
RIP Lise Payette
— Hélène Noreau (@Joiedevivre66) 6 septembre 2018
Ministre de la Condition féminine nous lui devons beaucoup
Réforme du droit de la famille et celle de l'assurance automobile (création SAAQ)
Nouveau Code civil du QC
Etc...
Avec René Lévesque lors de son discours, « À la prochaine fois »
Je me souviens, jeune étudiant à l'UdM, d'une conférence de Lise Payette. Elle avait été magistrale. Avec sa voix douce, posée, ses idées claires et bien articulées. Certains avaient été séduits par son discours, H et F, d'autres s'étaient sentis bousculés. R.I.P. Mme Payette.
— Jean-PhilippeGarneau (@GarneauJPH) 6 septembre 2018
Combien d'enfants ont été agressés au Québec parce que des femmes fermaient les yeux et même leur disait de se fermer le gueule et les menaçaient s'ils dénonçaient ? #LisePayette a été l'une de ces complice de pédophile et pas en 1960,mais en 2015.Une femme dangereuse+mesquine
— choupete (@choupete450) 6 septembre 2018
J’ouvre les portes et je m’assure quand elles sont ouvertes qu’on ne puisse plus les refermer, jamais
Lise Payette
La rédactrice en chef du quotidien Le Devoir, Josée Boileau, a ainsi pris soin de préciser, en entrevue à Radio-Canada : « Je dirai que c’est une femme libre. Quand on est libre, on fait des choses audacieuses, mais on fait aussi des erreurs. Mme Payette en a commises, mais a fait aussi avancer les choses. C’est ce que je retiens du personnage de notre vie publique ».
Au-delà de ces controverses, Lise Payette était une femme de cœur et de convictions déterminée à faire avancer la cause qui lui a toujours tenu le plus à cœur, celle des femmes.
Invitée à expliquer pourquoi elle avait fait le saut en politique, dans les années 1970, elle déclarait : « Je me suis dit que le moment était venu de faire le saut en politique pour ouvrir des portes, je suis bonne pour ça, j’ouvre les portes et je m’assure quand elles sont ouvertes qu’on ne puisse plus les refermer, jamais ».
A retrouver sans Terriennes, d'autres figures du féminisme québécois :
> Claire Kirkland-Casgrain, pionnière du féminisme québécois jusque dans ses funérailles
> Maïr Verthuy, une historienne féministe malicieusement politiquement incorrecte
> Gabrielle Bouchard présidente de la Fédération des femmes du Québec fut un homme
> A Montréal, féminisme et francophonie se conjuguent