Back to top
Après le lancement récent d’une première campagne de sensibilisation « SANS OUI C’EST NON », le gouvernement québécois veut aller plus loin : il recommande à chaque établissement collégial et universitaire de se doter d’une politique de prévention des violences sexuelles.
A retrouver dans Terriennes :
> "Non ça ne veut pas dire oui" : les confessions d’une étudiante sur un viol bouleversent le Québec
> Agressions sexuelles au Canada : les Canadiennes brisent le mur du silence
Cette politique devra comporter plusieurs mesures phares : encadrer les fameuses initiations qui, plus souvent qu’autrement, dérapent allègrement en des jeux et sévices sexuels dans lesquels les femmes sont les premières victimes, mettre en place une sorte de « guichet unique » pour les victimes afin de recueillir leurs plaintes et les aider dans ce processus, et leur offrir également des solutions académique comme, par exemple, ne plus suivre un cours où se trouverait l’agresseur, reporter un examen, etc. « Oui l’information, la sensibilisation, mais il faut aller à un niveau supérieur d’accompagnement. Il n’y a plus personne qui pourra plaider l’ignorance » a déclaré la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, qui pilote ce dossier.
Nous nous engageons à ne tolérer aucune violence à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur https://t.co/8fc7q16f8k pic.twitter.com/NLLDTWQyQ7
— Hélène David (@David_Hlne) 21 août 2017
Plus souvent qu’autrement, les victimes de harcèlement et/ou d’agression sexuelle sur les campus universitaire ont des difficultés à porter plainte, ne sachant pas auprès de qui raconter leur histoire.
Une enquête du quotidien montréalais Le Devoir, datant de mars 2017, révélait que seulement 3 universités et 5 collèges – cégeps, institution spécifique au Québec entre la fin du secondaire et le début de l’université – sur les 65 que comptent la province étaient pourvus d’une politique précise pour prévenir et contrer les violences à caractère sexuel.
Il faut tout de suite que les victimes sachent à qui s’adresser, c’est le nerf de la guerre
Hélène David, ministre de l'Enseignement supérieur - Québec
On voit donc qu’il y a du travail à faire et c’est pour ça que la ministre David, après plusieurs consultations menées à travers à la province, fait cette recommandation aux institutions postsecondaires de mettre en place ce « guichet unique » qui permettront aux victimes de porter plainte et recevoir le soutien adéquat, ainsi que des options pour éviter d’être de nouveau en présence de leur agresseur. « Il faut tout de suite que les victimes sachent à qui s’adresser, c’est le nerf de la guerre » a déclaré Hélène David. Ce processus de guichet unique pourrait également avoir un effet dissuasif sur les agresseurs.
La ministre David est déterminée : « Comme femme, comme mère de deux jeunes adultes et comme ancienne professeure d’université, j’ai côtoyé ces étudiants-là toute ma vie, je veux absolument qu’il y ait une intervention, un accompagnement dignes de ce nom, je ne veux plus jamais qu’une victime soit laissée à elle-même ».
L'AGE UQTR est satisfaite de la stratégie proposée par la ministre, Hélène David, sur la prévention et la lutte aux violences sexuelles !!! pic.twitter.com/CAHBXXeRRd
— AGE UQTR (@AGEUQTR) 21 août 2017
Cette politique est accompagnée d’une enveloppe budgétaire de 23 millions de dollars étalés sur les 5 prochaines années pour aider les établissements universitaires à prendre les mesures nécessaires mais on parle aussi d’un soutien aux organismes qui soutiennent les victimes d’agression sexuelle. Ce que souhaite vivement le mouvement « Québec contre les violences sexuelles » dont la cofondatrice de cet organisme, Mélanie Lemay a milité pour la mise en place de cette politique. Elle a confié au quotidien Le Devoir : « J’ai l’impression de vivre un rêve aujourd’hui. A la jeune femme de 17 ans – c’est l’âge que j’avais quand ça m’est arrivé – je suis heureuse de pouvoir offrir ce que, moi, je n’ai pas pu avoir ».
De son côté, le directrice de Viol-Secours de Québec, Julie Tremblay, se réjouit qu’on prenne en considération, d’abord et avant tout, la victime : « C’est vraiment intéressant pour les victimes parce que dans le fond ça veut dire ne pas recroiser l’agresseur, mais dans un premier temps aussi ça veut dire être cru ».
Pour l’instant, cette stratégie gouvernementale, bien accueillie donc par l’ensemble des acteurs, n’est pas imposée aux universités mais la ministre David présentera un projet de loi cet automne pour pérenniser cette politique et lui donner la force de frappe nécessaire si jamais les institutions universitaires n’y donnent pas suite… « Il y a deux phases. Dans une stratégie, on suggère fortement et puis on verra dans la loi-cadre s’il y a un autre vocabulaire » a précisé la ministre. La balle est donc maintenant clairement dans le camp universitaire…
Le détails de la stratégie gouvernementale contre les violences sexuelles à l'Université, à lire ici : Stratégie d'intervention pour prévenir et contrer les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur