Hic est sanguis meus. Ceci est mon sang. Prenez et buvez-en tous.
Audacieuse, à première vue, cette appropriation de la parole du Christ lors de la Cène avant sa mort, pour évoquer les menstrues. Hic est sanguis meus. Se souvenir que les religions, à commencer par le judaïsme, ont regardé avec effroi le sang de la femme. Dans la Torah, le Lévitique interdit à un homme d'approcher une femme qui a ses règles. "Lorsqu'une femme éprouvera le flux, c'est-à-dire le sang qui s'écoule de son corps, elle restera sept jours dans son isolement, et quiconque la touchera sera impur jusqu'au soir." Pour certains rabbins, l'existence des règles vient de la malédiction d'Ève, coupable de la chute d'Adam et de sa mort.
Dans l’Évangile selon Matthieu (Mt 9, 20-22), on trouve l’épisode de l’hémorroïsse, une femme souffrant d’hémorragies menstruelles invalidantes. "Approchant le Christ, elle se disait en elle-même : 'Si seulement je touche son manteau, je serai sauvée.' Jésus, se retournant, la vit et lui dit : 'Aie confiance, ma fille, ta foi t'a sauvée.' Et de ce moment la femme fut sauvée."
De quoi est-elle sauvée : de sa douleur physique, de son impureté ? Médecins et religions monothéistes se rejoignent : la femme menstruée est impure. Son sang parle de sexualité. Coulant, il évoque la fécondité. Tari, il indique qu’elle a été fécondée, que l’acte sexuel a eu lieu.
Plus amusante, cette lecture : "Pourquoi la Torah nous enseigne-t-elle qu’une nida, la femme qui saigne, est impure sept jours ? Parce qu’à force d’habitude, son mari en arrive à la détester. C’est pourquoi la Torah dit : qu’elle soit impure sept jours, pour qu’elle plaise à son mari comme sous le dais nuptial."