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Un match sur Tinder et une soirée qui tourne au cauchemar. Un homme de 38 ans a été reconnu coupable d'avoir violé et agressé sexuellement 15 femmes rencontrées sur des sites de rencontres et réseaux sociaux.
À droite, floutée, photo de celui que les médias ont surnommé "le violeur de Tinder". Il est jugé jusqu'au 29 mars à Paris pour le viol de 13 femmes et l'agression sexuelle de 4 autres, qu'il avait toutes contactées via l'application de rencontre.
Il est bien celui que les médias ont présenté comme le "violeur de Tinder". La Cour criminelle de Paris a condamné Salim Berrada à 18 ans de réclusion criminelle vendredi 29 mars. Il a été reconnu coupable de douze viols et trois agressions sexuelles. Pour deux autres femmes, la cour l'a acquitté, considérant que les preuves manquaient et que le doute devait lui bénéficier.
La cour a retenu le "caractère particulièrement organisé", un "mode opératoire éprouvé" et le "caractère sériel de ces crimes et délits", jugé "particulièrement inquiétant", tout comme le nombre de victimes, a indiqué le président Thierry Fusina.
Et c'est bien ce que les enquêteurs avaient mis en avant : un mode opératoire toujours quasiment identique et les "grandes similitudes" entre les récits des 17 plaignantes.
D'abord, la "forme d'industrialisation" du processus mis en place, avec un "cahier des charges précisément décrit dans plusieurs fichiers Excel" - phrases d'accroche, compliments, propositions et envois "en masse" de sollicitations à de potentielles modèles, en profitant de sa notoriété de photographe.
Ces femmes à qui Salim Berrada disait qu'elles étaient "uniques", sa "muse", arrivaient chez lui pour un shooting photo, se voyaient offrir de l'alcool - que beaucoup n'osaient pas refuser. Toutes décrivent ensuite une ivresse anormale et rapide, et une perte de force. Les enquêteurs soupçonnent également une "soumission chimique", des traces de drogue ou d'antihistaminiques ayant été retrouvées chez plusieurs d'entre elles - ce que Salim Berrada nie également.
Les plaignantes décrivent ensuite un brusque changement de comportement, et des rapports sexuels imposés malgré leur refus. Puis une attitude indifférente ou minimisant ce qu'il venait de se produire. Il refusait toujours d'envoyer les photos du shooting.
Salim Berrada, 38 ans, jugé à Paris pour viol et agression sexuelle. 17 femmes ont porté plainte contre cet homme qui profitait d'application de rencontre pour contacter ces jeunes femmes.
La première plainte dans ce dossier remonte à avril 2015. Une étudiante américaine, Ashley*, se trouve en France dans le cadre d'un échange universitaire en France, rapporte le site de france.tv.info.
Le contact ne se fait pas par Tinder, mais via Facebook. La rencontre aura lieu pour un "shooting photo". La jeune femme raconte avoir ressenti des vertiges après avoir bu quelques verres de vin. Le "photographe" se montre plus agressif, selon son témoignage. Elle se retrouve nue sans se souvenir comment, "terrorisée, et toujours dans l'incapacité de se mouvoir". Elle rapporte dans les détails comment l'accusé l'a violée puis avoir pu s'échapper. Elle portera plainte trois mois après les faits.
Viendra ensuite une deuxième plainte en février 2016. Cette autre jeune femme rapporte des scènes très similaires au témoignage de la première plaignante. Mais cette fois, elle porte plainte dès le lendemain de son agression. "L'unité médicojudiciaire qui recueille son témoignage relève des lésions traumatiques, des ecchymoses sur ses deux cuisses, ses poignets et son avant-bras gauche, ainsi que des griffures dans son dos. L'examen psychiatrique montre qu'elle est dans un état de stress post-traumatique", précise france.tv.info.
La même année, deux des quatre victimes ont publiquement dénoncé les agissements de Salim Berrada, en le nommant, sur Facebook et Instagram. Ces posts vont entraîner de nombreux autres témoignages de jeunes femmes ayant croisé sa route, décrivant toute le même système de prédation. Des analyses toxicologiques ont mis en évidence des traces de produits chimiques chez plus de la moitié des plaignantes.
*le prénom a été changé
Placé en détention provisoire en 2016, Salim Berrada est resté deux ans et demi en prison avant d'être relâché sous contrôle judiciaire, en 2019, avec interdiction d'exercer le métier de photographe. Plusieurs plaignantes signalent alors à la justice son "activité importante" sur les applications de rencontre.
Sur BFM.TV, l'une d'elle témoigne.
Rania, la quarantaine, a rencontré "Samuel" sur Tinder. Ils se retrouvent chez elle. Même type de scénario, un verre d'alcool et un comportement de plus en plus agressif. Elle se souvient de cet homme "nu", de son "insistance" pour avoir des relations sexuelles et du "souvenir glaçant de le voir au-dessus d'elle, la pénétrant", rapporte la chaine d'info en continu. Avant de lui donner rendez-vous, la jeune femme ignorait qu'il avait été visé par de nombreuses plaintes pour viol et agression sexuelle et remis en liberté. Ce qu'elle découvrira au lendemain de cette soirée en surfant sur internet et sur les réseaux.
"Aujourd'hui comme depuis le premier jour de cette procédure, Monsieur Berrada conteste l'ensemble des accusations dirigées contre lui", ont indiqué à l'AFP ses avocats, Mes Irina Kratz et Ambroise Vienet-Legué.
Les investigations menées ont permis de révéler de très nombreux éléments à décharge qui contredisent ces accusations. Mes Irina Kratz et Ambroise Vienet-Legué, avocats de la défense
"Les investigations menées ont permis de révéler de très nombreux éléments à décharge qui contredisent ces accusations", précisent-ils, soit "enfin l'occasion d'en débattre".
En avril 2022, le quotidien Le Monde publie un entretien avec l'accusé, qui avait été remis en liberté. "Je suis d’accord, seize plaintes contre moi, (16 plaintes au moment de cet interview, ndlr)c’est énorme, c’est vertigineux, c’est effrayant, j’ai été mauvais, ces femmes ont dû se sentir utilisées, mais je n’ai violé personne, j’en suis sûr", confiait-il alors à la journaliste, qui précise l'avoir rencontré dans un bar dans le nord de Paris.
Mais il va nous dire à l'audience, qu'elles étaient consentantes, il va nous sortir des photos des plaignantes où elles sourient. Ce n'est pas parce qu'elles sourient sur une photo qu'elles sont consentantes à un acte sexuel. Maitre Martine Moscovici, avocate de plaignantes
"Cet homme est un prédateur", déclare sur RMC, l'avocate de plusieurs plaignantes, Maitre Martine Moscovici. "C'est tout un système qu'il a mis en place, qui était similaire pour chaque plaignante. Mais il va nous dire à l'audience, qu'elles étaient consentantes, il va nous sortir des photos des plaignantes où elles sourient. Ce n'est pas parce qu'elles sourient sur une photo qu'elles sont consentantes à un acte sexuel".
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