L'écharpe tricolore se porte au féminin dans les grandes villes françaises

C'est inédit dans l'histoire de la Ve république : cinq des plus grandes villes du pays sont aux mains de femmes. Outre Anne Hidalgo à Paris et Martine Aubry à Lille, pour les plus connues et réélues, de nouveaux visages féminins font leur apparition, comme celui de Michèle Rubirola, première femme à diriger Marseille, la seconde ville de France.  
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Paris, Lille, Marseille, Nantes, Strasbourg mais aussi Rennes, Périgueux, Biarritz ... Vague féminine dans les mairies de France à l'issue du second tour organisé dimanche 28 juin 2020. 
©AP Photo/Bob Edme
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Certain.e.s s'intéresseront surtout à la vague verte de ce second tour, d'autres s'indigneront du taux d'abstention historique, le plus important de la 5ème République. Impossible ici de ne pas se féliciter de cet autre résultat à l'issue de ce scrutin, qui voit plus de femmes s'installer dans un fauteuil de maire-mairesse. Dans la moitié des dix grandes villes de France, parité historique, il faut désormais dire "Madame la maire".
 
A la tête de la première ville de France, Paris, on retrouve Anne Hidalgo (PS) réélue pour un deuxième mandat à l'issue d'une bataille électorale exclusivement féminine. En 2014 elle devenait la première femme de la capitale en prenant la place de Bertrand Delanoë. Autre visage bien connu du paysage politique français : Martine Aubry (PS), mairesse emblématique et historique de Lille, qui se voit réélire de toute justesse, à 200 voix près, pour un quatrième (et dernier ?) mandat. 

A Marseille aussi, le nouveau maire est une maire. La succession de Jean-Claude Gaudin a donné lieu elle aussi à une bataille au féminin puisque deux femmes s'affrontaient. La candidate de la gauche Michèle Rubirola, l'a finalement emporté au terme d'une semaine d'âpres négociations. Elle a été désignée lors du second tour organisé au conseil de la ville. Marseillaise pur jus, cette médecin spécialiste en santé préventive de 63 ans, a travaillé dans les quartiers nord de la ville, elle devient la première femme maire de Marseille. 
 
A (re)lire >Municipales en France : de Paris à Marseille, des batailles au féminin

Autre duel au féminin : à Nantes s'opposaient la maire sortante, première femme à ce poste élue en 2014, la socialiste Johanna Rolland, réélue au second tour, et deux autres candidates.

Strasbourg renoue avec son passé féminin. Cette ville déjà dirigée par deux fois par une femme, Catherine Trautmann de 1989 à 1997 puis de juin 2000 à mars 2001, et Fabienne Keller de 2001 à 2008, retrouve une Madame la Maire en la personne de Jeanne Barseghian, 39 ans, candidate écologiste qui crée la surprise .
 

Dans les autres villes aussi et en outre-mer...

La vague féminine ne s'arrête pas aux grandes villes. On recense la victoire de tickets féminins dans plusieurs autres grandes agglomérations : Poitiers, Quimper, Rennes, Besançon, Biarritz, Périgueux... 
 
Exemple, le site de France-Bleu Dordogne, qui consacre un de ses articles à l'"émergence d'une nouvelle génération de femmes politiques qui vont devenir maires de plusieurs communes importantes du Périgord". On y salue la victoire de "Delphine Labails, 45 ans, qui, à la tête d'une coalition du PS, avec EELV,​ devient la toute première femme maire de Périgueux. Historique".
 
Le phénomène se confirme aussi en outre-mer, comme l'indique le journal Le Monde qui parle même d'un "renouvellement féminin". En Martinique, Aurélie Nella prend les rênes la tête de Ducos, la troisième ville économique de l’île, elle succède à trois femmes au poste de maire. A 35 ans, elle devient la plus jeune maire de l'île. A La Réunion, quatre communes sur vingt-quatre seront désormais dirigées par des femmes. Ericka Bareigts (PS), l’ex-ministre des outre-mer, devient la première femme à diriger la plus grande ville ultramarine, Saint-Denis, .
 
 
Une vague verte et féminine à suivre en Europe ? 

Sur la RTBF, Evelyne Huytebroeck, coprésidente de la fédération des partis verts européens (European Green Party) qui réunit une quarantaine de partis en Europe, commente les résultats du scrutin français : "Les villes sont aussi des foyers de changements beaucoup plus fort que le monde rural qui parfois est plus attaché à une certaine tradition. Dans les villages on est plus souvent attaché à une certaine personne. En ville, sans doute, il y a plus de votes pour un projet et il ne faut pas oublier n’ont plus que les problèmes environnementaux se vivent en ville de manière très très forte. 


"C’est devenu pour nous une priorité, nous voulons nous implanter au niveau local. Car ça donne du changement, des politiques de mobilité qui sont différentes, regardez par exemple Amsterdam, cela a beaucoup changé depuis un an, avec la nouvelle maire verte. J’insiste aussi sur le fait de dire LA maire, car en France aussi hier, sur une dizaine de maires écologistes élus, la moitié sont des femmes" se réjouit-elle.
Il faudra attendre les résultats définitifs de toutes les élections pour connaître la part exacte de femmes parmi les maires élus lors de ce second tour. En 2014, elles représentaient environ 16 % d’entre eux. Le 29 avril 1945, 500 00 femmes votaient pour la première fois ... Soixante-quinze ans plus tard, elles sont de plus en plus nombreuses à ne pas se contenter de voter mais à se faire élire.