Voilà ce que dit le communiqué officiel de la grande chancellerie de la légion d'honneur : "Cette promotion rassemble au total 402 personnes réparties à parité exacte hommes-femmes entre 345 chevaliers, 42 officiers, 9 commandeurs, 4 grands officiers et 2 grand'croix".

Il s'agit d'une historienne, sinologue de renom. Marie-Claire Bergère, 85 ans, déjà décorée de l'insigne d'officier de la légion d'honneur il y a quelques années, est distinguée de la grand'croix, l'une des plus hautes distinctions.
Félicitations à Marie-Claire Bergère, 85 ans, historienne et sinologue, élevée à la dignité de grand'croix de la Légion d’honneur pour sa contribution au «rayonnement de la France». Pour rappel, son livre sur le « nouveau capitalisme d’Etat » en Chine. https://t.co/vAFGrBYn5G
— Chinatown (@Rue89_Chinatown) January 1, 2019
Ses thèmes de recherche sont la bourgeoisie chinoise et l'histoire de la Chine urbaine au XXe siècle. Elle enseigna à l'INALCO, où elle reste professeure émérite, la civilisation chinoise pendant de nombreuses années , et est l'auteure de nombreux ouvrages. Dans la vidéo qui suit, elle nous parle d'un précédent ouvrage publié en 2002 sur l'histoire de la ville de Shangai.
Autre personnalité distinguée en ce début 2019 au grade de chevalier, Ginette Kolinka, rescapée d’Auschwitz-Birkenau aux côtés de Simone Veil, qui oeuvre inlassablement au devoir de mémoire. Agée de 93 ans, elle s’attache toujours à transmettre son témoignage, notamment dans les écoles aux jeunes générations. Un livre paru en septembre 2016 raconte son histoire : « Une famille française dans l'Histoire » (Philippe Dana, éditions Kéro). "Vous avez la mort sur la tête. Vous ne savez pas si demain, vous allez être bonne pour le travail ou la mort. La force mentale vous sauve. Simone ce jour-là ; je crois a sauvé ma vie", confiait-elle dans Paris-Match à l'occasion de l'entrée de Simone Veil au Panthéon en juillet 2018.
Des femmes, connues ou inconnues
Parmi les autres femmes distinguées, des noms et des visages plus connus, comme ceux des comédiennes Nathalie Baye, promue officier, Ludmila Mikaël et Michèle Laroque, toutes deux nommées chevaliers.
Des scientifiques aussi : Martine-Michèle Sebag, spécialiste de l'intelligence artificielle, directrice de recherche au CNRS, est nommée chevalier. Experte depuis les années quatre-vingt-dix sur les questions d’intelligence artificielle, elle a d’ailleurs

Et c'est une consoeur, experte en intelligence artificielle également, Françoise Soulié-Fogelman, mathématicienne et informaticienne, qui reçoit aussi l'insigne de chevalier de la légion d'honneur. Elle fait partie des experts retenus par la Commission européenne pour élaborer une stratégie en matière d'IA.
Sur la liste des promues 2019, on trouve aussi une ancienne ministre, Marisol Touraine, nommée chevalier. Et coup de chapeau au sport féminin avec deux de ses figures récompensées : Florence Hardouin, directrice de la fédération française de football, celle que le journal l'Equipe qualifiait de "la troisième femme la plus puissante du sport international" et Cécile Hernandez, médaillée de bronze en Snowboard cross lors des derniers JO handisports en mars 2018 en Corée, dont les larmes ont ému des milliers de télespectateurs.trices et qui témoigne à la télévision de ses difficultés techniques rencontrées lors de ces jeux olympiques.
Cécile Hernandez, médaillée de bronze en Snowboard Cross, nous parle de son handicap (la Sclérose en plaques) et de sa colère contre les problèmes techniques ! #PyeongChang2018 #BleuParalympique pic.twitter.com/NwBJb6jrnU
— France tv sport (@francetvsport) 13 mars 2018
Nous trouvons sur cette liste également, Emmanuele Perron, ancienne présidente du conseil de surveillance du grand port maritime du Havre, vice-présidente d'un groupe industriel de travaux publics.
Sans oublier, encore ces autres femmes, ces femmes de l'ombre comme on les appelle, dont nous citerons quelques noms : Marie-Hélène Marisseau-Perrier qui a fondé une association d'aide aux personnes autistes à Fonsorbes dans le sud de la France, Michèle Uzan, professeure des universités en gynécologie obstétrique, Georges Tarer, ancienne sage-femme en Guadeloupe. Et encore, saluons aussi ces deux dames : Odette D'Aboville et Renée Martin, toutes deux anciennes conductrices ambulancières, affichant respectivement 79 et 74 ans de service !
Polémique Houellebeck mais qui parle des femmes ?
Sur les 402 personnes distinguées, 201 sont donc des femmes, et même s'il est impossible ici de les nommer toutes, il semble important d'en citer quelques unes, du moins plus que trois ou quatre. Sur Twitter, nombre d'internautes ont relayé cette absence fort remarquée des "femmes légion d'honneur" dans les grands titres des informations du jour.Bonjour @franceinfo depuis ce matin j'entends, ravie, toutes les 7' que la légion d'honneur a été remise à 402 pers. dont 201 femmes et pourtant vous ne citez que les 23 Bleus et #Houellebecq comme exemples, c'est dommage non? Qui sont ces 201 femmes remarquables? #SISTA #women pic.twitter.com/6om7dq5oAZ
— Emmanuelle Flahault-Franc (@emmanuelleff) January 1, 2019
Entendu ce matin sur @franceinfo : « Michel Houellebecq et les 23 joueurs et remplaçants de l’équipe de France promus à la Légion d’honneur. Une promotion 2019 à parité égale hommes et femmes. »
— VéroBeno -Theatrelle (@verobeno) January 1, 2019
.......Heu... elles n’ont pas de nom les femmes ?
(Et bonne année quand même)
Un autre nom pour l'Histoire: celui de la première femme distinguée par la légion d'honneur. Marie-Angélique Duchemin, une militaire française née en Bretagne, qui avait décidé de s'engager après la mort de son mari soldat et de son père, également sous les drapeaux. Première femme à être admise à l'hôtel des Invalides, avec le grade de sous-lieutenant, elle refusa de voir Napoléon le tenant pour responsable de la mort de son mari. Elle fut décorée de la Légion d'honneur, le 15 août 1851.
La Bretonne Marie Angélique Duchemin fut la première femme décorée de la Légion d’honneur.
— Valérie Drechsler-Kayser (@ValerieDKayser) December 19, 2018
Un destin hors du commun & une descendance en #Lorraine & #HauteSaône
Source @lerepu 16/11/18 #histoire #généalogie #femmes #Bretagne #Dinan Cc @MuseeArmee @enenvor pic.twitter.com/aWX6wVu2Nm
Fondée par Napoléon Bonaparte en 1802, la Légion d’honneur est la plus élevée des distinctions nationales françaises. Elle compte aujourd’hui 92 000 membres, récompensés pour leurs mérites éminents au service de la nation.
Alors pour la petit "Histoire", nous rendrons hommages à celles qui n'en ont pas voulu : Simone de Beauvoir, Marie Curie ou encore Georgees Sand sont parmi les plus connues à avoir refusé la légion d'honneur, et c'est aussi tout à leur honneur.