L’émancipation par le PKK
Mort au combat, prison, isolement de la famille, renoncement à fonder une famille... lourdes sont les conséquences de la décision d’une femme qui quitte les siens pour rejoindre les factions armées. Par delà l’idéologie, faut-il que leur volonté d’émancipation soit irrépressible pour s’y résoudre ! "C’est pourtant indéniable, affirme sans hésitation Seve Izouli. Beaucoup de jeunes filles pauvres, d’étudiantes à l’université en quête de davantage de liberté, et même des femmes mariées de force, choisissent d’intégrer le PKK moins par conviction que pour fuir la fatalité de la société."
Auteur d'un article sur la lutte armée et la libération féminine à paraître dans le numéro 60 de la revue
Critique internationale, Olivier Grojean, lui aussi, a rencontré des filles qui fuyaient un mariage arrangé et s’engageaient dans le PKK, "peut-être pas uniquement pour cette raison, nuance-t-il, mais le fait est que la volonté d’émancipation participe de leur décision. D’autres s’engagent parce que leurs horizons sont bouchés : leur père est en prison, leurs frères dans la guérilla et leur village rasé. Pour ces femmes qui n’ont pas d’avenir en dehors de la famille, la vie civile devient compliquée," explique Olivier Grojean.
Au cours de ses fréquents voyages au Kurdistan, dans les villages, au contact avec les familles, Seve Izouli a régulièrement des échos de ces filles qui refusent la soumission à un homme ou à la famille, et que la lutte armée pare d'une aura héroïque. "D’une femme qui intègre le PKK, on ne peut pas dire qu’elle est partie avec un homme ni qu’elle a transgressé les coutumes ou la tradition. L'engagement est une option ‘honorable’," explique Seve Izouli.