Une semaine après l'attentat contre Charlie-Hebdo, revendiqué par Al Qaeda au Yemen, plus d'une cinquantaine d'actes anti-musulmans ont été décomptés par l’Observatoire contre l’islamophobie du Conseil français du culte musulman (
CFCM). Dans des établissements scolaires, la minute de silence, décrétée par le président Hollande en hommage aux victimes, a été malmenée. Certains élèves n'ont pas voulu s'y soumettre, allant jusqu'à soutenir l'action des terroristes. Sur les réseaux sociaux, ont déferlé des vagues d'injures racistes. 4700 policiers et gendarmes ont été déployés pour protéger mosquées, synagogues et écoles juives.
Dans ce contexte de crise, malgré les discours officiels d'apaisement et d'unité, « les gens sont naturellement sur un quant-à-soi et un repli. Beaucoup de chefs d'établissements juifs et de leaders religieux sont protégés à l'intérieur et à l'extérieur de leur maison, 24 heures sur 24. Il y a de la défiance dans les deux communautés », déplore Annie-Paule Dercansky, la présidente des Bâtisseuses de paix.
Mais pour
cette association parisienne composée uniquement de femmes juives et musulmanes, le constat n'est pas nouveau et sa réponses est systématiquement la même : l'éducation à l'acceptation de l'autre.
Depuis leur création en 2002, lorsque la deuxième Intifada débuta dans les Territoires occupés, les Bâtisseuses de paix mènent des actions pédagogiques entre écoles privées de confession juive et établissements publics laïcs, organisent des rencontres entre adolescents juifs et musulmans, encouragent des ateliers d'écriture… Le tout dans un seul but : désamorcer les conflits, notamment ceux importés du Moyen-Orient, briser les incompréhensions, tisser des liens.