Les chiffres effrayants des agressions sexuelles dans l'armée au Canada

Mais que se passe-t-il au sein de l’armée canadienne ? Un sondage révèle qu’au moins trois agressions sexuelles s’y produisent chaque jour. L'enquête menée au sein des Forces canadiennes a plongé l’état-major dans l’embarras, c’est le moins qu’on puisse dire…
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Les agressions sexuelles sont souvent cachées dans les Forces armées, au Canada, comme ailleurs
Photo : iStock
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Des chiffres alarmants

Ainsi, selon l'investigation menée par Statistique Canada auprès de 43000 soldat-es et  leurs supèrieur-es (soit plus de la moitié des militaires canadiens) 960 membres de l’armée canadienne, 570 hommes et 380 femmes, disent avoir subi une forme d’inconduites sexuelles au cours de la dernière année : contacts sexuels non désirés (840 cas), attouchements, viols… Si moins de femmes rapportent avoir été victimes de ces agressions, parce qu'elles sont huit fois moins nombreuses que les hommes, et sans doute plus honteuses et donc silencieuses, elles  sont proportionnellement quatre fois plus susceptibles de les subir. En réalité, une femme sur quatre dit avoir subi une agression sexuelle au moins une fois dans sa carrière au sein de l’armée. Et la moitié d’entre elles l’ont été par un supérieur. Quelque 10 000 femmes servent au sein des Forces canadiennes.
 

Et fait tout aussi inquiétant, seulement une victime sur quatre, homme ou femme, a dénoncé l’agression. Ceux et celles qui ont choisi le silence expliquent qu’ils craignent les représailles ou qu’ils n’ont pas confiance au système en place pour traiter leurs plaintes. Une situation qui préoccupe le chef d’État-major canadien, le général Jonathan Vance, qui se dit « extrêmement déçu » par cette situation mais qui dit vouloir encourager les victimes à porter plainte et qui se dit déterminer à punir les coupables. « Je suis plus motivé que jamais à éliminer ces comportements ainsi que leurs auteurs de nos rangs » a-t-il déclaré. Trente soldats ont été rétrogradés au cours de la dernière année pour cause d’inconduites sexuelles et 18 ont quitté l’armée.
 

Une culture qui sera longue à changer

Plus ça change, plus c’est pareil ? L’an dernier, un rapport écrit par une juge à la retraite Marie Deschamps avait déjà dénoncé cette culture hostile aux femmes et aux minorités sexuelles au sein de l’Armée canadienne et les agressions sexuelles récurrentes dont elles étaient trop régulièrement victimes. Le document avait fait grand bruit et l’armée s’était engagée à prendre les mesures nécessaires pour changer cette culture.

Un changement de culture, normalement, ça se passe en décennies
Kevin West, l’adjudant-chef des Forces armées canadiennes

Sauf que cette culture résiste visiblement … « Un changement de culture, normalement, ça se passe en décennies, a dit Kevin West, l’adjudant-chef des Forces armées canadiennes. Ça prend 3 générations à changer une culture. Ce sondage nous donne un point de départ ».

Une déclaration qui a fait réagir les partis d’opposition : ils réclament des mesures immédiates de la part du gouvernement canadien.
 


L’armée canadienne dit qu’elle va mener un sondage similaire auprès de ses membres au cours des prochaines années pour vérifier si la situation a changé ou non. Mais il faudra plus qu’un sondage pour faire cesser ces comportements inadmissibles : mettre en place un organisme indépendant pour traiter les plaintes des victimes ? Instaurer une politique de tolérance zéro envers quiconque qui pose un geste d’inconduite sexuelle ? Il faut et il faudra bien plus que des mots pour soigner de tels maux…

Néanmoins, on peut reconnaître ce grand mérité à l'armée canadienne d'avoir accepté cette introspection et de s'y confronter.
 

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