Les femmes boliviennes n'ont jamais été aussi présentes en politique et les élections de dimanche 12 octobre ont appliqué pour la première fois les principes de parité et d'alternance, avec 52% de femmes candidates, dont trois à la vice-présidence, et un nouveau Parlement qui pourrait comprendre 40% de législateurs de sexe féminin. Pourtant la violence contre elles ne connaît pas de trêve, avec un nombre de victimes alarmant. Depuis janvier 2014, 93 femmes ont été assassinées en Bolivie, tuées par leur compagnon ou ex-compagnon, d'après les chiffres divulgués ce week-end par le
Centre d'Information et de Développement de la Femme (Cidem), une ONG qui regroupe des associations de femmes dans tout le pays. Ces dernières années, la Bolivie est devenue le pays d'Amérique latine où l'on dénombre le plus de violences physiques à l'encontre des femmes, et le deuxième après Haïti en ce qui concerne les violences sexuelles, d'après des rapports de l'
Organisation panaméricaine de la santé.
Enjeux de campagnes électorales
Sous le slogan "Machiste, sors de la liste", des organisations boliviennes ont mis la violence contre les femmes au coeur du scrutin de cet automne. La mobilisation de ces organisations féministes dans la rue, sur les réseaux sociaux ou dans la presse a eu pour résultat le retrait de deux prétendants au Congrès. Un candidat du MAS (Movimiento al Socialismo), le parti d'Evo Morales, se présentant comme sénateur pour la région de Cochabamba, a dû se retirer de la course: Adolfo Mendoza était accusé par sa femme de violences conjugales. Candidat à un siège de député, Jame Navarro, proche de Samuel Doria Medina, le rival d'Evo Morales à la présidence, a également renoncé à se présenter après avoir été accusé de maltraitance par son épouse.
L'affaire a éclaboussé jusqu'à Doria Medina qui, dans un enregistrement rendu public d'une conversation téléphonique, conseille à l'épouse de se taire et la traite d'"imbécile".
Un autre candidat du MAS à Cochabamba, Ciro Zabala, s'est distingué en prodiguant des conseils aux femmes pour leur apprendre "comment se comporter" afin d'éviter d'être agressées, comme d'"éviter certains vêtements ou attitudes".
Le maire de Santa Cruz, plus grande ville de Bolivie, Percy Fernandez, est pour sa part bien connu pour ses attouchements insistants envers des femmes journalistes lors de manifestations publiques, en toute impunité.
Le machisme en Bolivie est aussi l'apanage du président Morales (réélu) qui dans ses discours fait parfois des allusions grivoises envers les femmes qui font rire ses partisans. Mais au crédit des avancées, une loi, votée l'an passé, inscrit pour la première fois le "féminicide" dans le code pénal, puni de trente années de prison.