Sexisme dans un milieu dit plus "ouvert" Par son expérience d'enseignante,
Anna Guilló mentionne plutôt du sexisme au sein des équipes pédagogiques. Les femmes, en raison de leur genre, sont minoritaires parmi les professeurs qui sont habilités à diriger des thèses ou des recherches. C’est l'une des réalités pointées par rapport. Celles qui ont franchi le pas, comme elle, ont dû faire des concessions dans leurs vies privées. "On a fait nos études dans la vingtaine, on a obtenu des postes à la trentaine, et on a fait des enfants à la quarantaine ! Après tout ça, on a peut-être envie de souffler un peu et, à la moitié de nos vies, se dire qu’on peut, peut-être temporiser avant de repasser un autre concours devant un autre jury, comme si on devait éternellement faire nos preuves. Dans les domaines artistiques, la vie des enseignants-chercheurs c’est la course à la compétence : études, thèse, publications, expositions, et tout cela demande un temps faramineux qui laisse peu de place à une vie de famille". Elle met ce phénomène" en perspective dans l'histoire de l’art en général où la femme a peu de place alors qu’il n’est plus a prouver que les femmes ont été des créatrices, de tout temps ", a-t-elle déclaré. Dans le même temps, toutes les personnes interrogées par Terriennes, réaffirment que ces comportements ne sont pas particuliers aux écoles d'art. Pour eux, il s’agirait simplement du reflet du sexisme présent dans toute la société française. Un professeur d'Esthétique dans une école d'art d'Ile-de-France, qui a souhaité garder l'anonymat, parle quant à lui de "questions générationnelles". "Il y a eu une émancipation progressive des femmes. Du coup les choses évoluent lentement depuis les années 1970. Pour que la machine se lance, il faut attendre une génération, soit 30 ans, et là les choses se mettent en place". La question du sexisme dans les écoles d’art ne serait donc qu'une caisse de résonance de la société. Mais alors pourquoi ces cas de sexisme rapportés par la sénatrice ont-il fait polémique ? Étudiants et professeurs parlent d'image faussée de ce "milieu" : "Je ne suis pas certaine qu'il y ait un problème de sexisme spécifique aux écoles d'arts. Il nous frappe peut-être d'avantage car on pense que les milieux de la culture sont des milieux ouverts, mais quand on est dedans, il est très facile de démontrer le contraire", explique Anna Guilló. Le rapport parlementaire de Mme Gonthier-Maurin dénonce l'inégalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines culturels en France et plus largement en Europe. Cette réalité avait été aussi montrée dans un autre rapport intitulé "La place des femmes dans la Musique et le Cinéma en Europe", publié en novembre 2013 par le
Laboratoire de l'égalité. "On peut se prendre à rêver au fait que les écoles d’art ou les universités, en tant que lieux de transmission, notamment de ces questions-là, soient exemplaires mais la culture n’échappe à rien, pire, elle est en partie responsable des représentations qui sont véhiculées", considère Anna Guilló.