Les Ethiopiennes du groupe Yegna chantent pour les droits des femmes

A travers leur groupe Yegna, cinq jeunes filles éthiopiennes luttent pour l'émancipation féminine au travers de la musique, la radio et la télévision. Succès assuré auprès des adolescentes qui vivent dans une société encore très patriarcale et conservatrice. 
Image
yegna image
Le groupe éthiopien Yegna lutte pour plus d'égalité entre hommes et femmes. 
©Yegna
Partager3 minutes de lecture
Éduquer autrement pour améliorer la condition féminine. Ce groupe de cinq jeunes filles en a fait son credo, son combat. Depuis trois ans, Yegna ("Nous") veut convaincre les jeunes Ethiopiennes qu'elles aussi peuvent s'émanciper, travailler et se faire respecter.

En 2015, leur tube Abet avait rencontré un succès incroyable dans le pays.

Leur dernier succès musical aborde un autre sujet tabou, celui de l'émigration : 

Lutter contre les violences, les mutilations, ...

Chaque semaine, dans leur émission de radio (suivie d'un débat) et de télévision, elles distillent leurs messages contre l'exclusion, les violences, les mutilations génitales et les mariages forcés en incarnant différents personnages.  Il y a la fille des rues, l'étudiante modèle, l'âme isolée, celle qui croule sous les tâches ménagères et enfin celle qui vit un père violent.  

Dans l'un des épisodes de leur émission de télévision, cette dernière confie à une amie : 
- "Je ne sais pas quoi faire avec mon père. Il nous bat tout le temps. Parfois je me dis que c'est de ma faute.
- "Ce que fait ton père n'est absolument pas de ta faute", lui répond sa copine. 

Autant de personnages, de conversations, de situations auxquelles peuvent s'identifier les adolescentes éthiopiennes devenues fans du groupe. Une manière de passer des messages simples tout en dépassant les barrières culturelles et sociales. 

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Des femmes fortes, égales des hommes

"Yegna parle des problèmes et donne des solutions dans la même chanson. C'est ce qui nous rend unique", raconte Melat Kassahun, membre du groupe Yegna. "Nous n'allons pas transformer la société en un claquement de doigt", confiait une autre membre, Rahel Getu à nos confrères du Monde.fr. "Cela prend du temps, donc il faut communiquer de façon à ce que les Ethiopiens comprennent le message."


Une femme forte, c'est une personne qui réconcilie les deux sexes.

Une chanteuse du groupe Yegna.

Un message qui semble bien passer auprès de leur jeune public : "Cela nous apprend comment être forte en travaillant beaucoup", témoigne l'une des téléspectatrices.  

Engagées à l'origine par une ONG britannique, les Yegna veulent faire des Ethiopiennes des femmes fortes, égales des hommes. "Une femme forte, c'est une personne qui réconcilie les deux sexes. (...) C'est quelqu'un qui est capable de s'occuper de son foyer et de gérer une entreprise en même temps", confie Teref Kassahun au Monde.fr. 

Prendre des responsabilités, se faire respecter tout en restant une bonne mère. Les Yegna défendent une femme indépendante. 

Les Spice girls éthiopiennes ?

On est loin du groupe britannique de cinq filles "Spice girls" auxquelles on les assimile souvent. Elles ne véhiculent pas les mêmes messages même si récemment le tube planétaire des Spice girls "Wannabee" a été repris par l'ONG The Global goals pour promouvoir l'égalité homme-femme. 
 


Yegna a encore beaucoup à faire dans une société conservatrice et patriarcale où peu de filles vont à l'école souvent mariées de force et cantonnées aux taches ménagères. Pourtant, une étude a montré que si elles suivaient des études et avaient un métier, les filles augmenteraient les revenus du pays d'au moins 4 milliards de dollars.