Fil d'Ariane
C'est l'une de ces innombrables déclarations ou initiatives européennes qui serait passée inaperçue sans la vigilance habituelle du site français d'alerte sur les questions de genre "Les Nouvelles News".
Depuis Bruxelles où ils siègent, trois Commissaires européens, deux femmes et un homme, ont tenté de taper du poing sur la table pour alerter sur cette évidence éternelle : les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes, et elles le sont d'autant moins, plus elles vieillissent et plus elles grimpent dans la hiérarchie. L'infographie proposée par l'Union européenne est éloquente : en Finlande, pays du Nord que l'on imaginerait plus sensible aux égalités de genre, de 6% d'écart en dessous de 25 ans, on passe à près de 26% au delà de 64 ans, la moyenne étant d'un différentiel de 16% entre femmes et hommes dans toute l'Europe. Pour chaque euro payé aux hommes pour une tâche donnée, à compétences et poste égaux, les Européennes donc 16 centimes de moins pour cette même tâche.
Le travailliste hollandais Frans Timmermans, commissaire européen chargé de l'Amélioration de la législation, des Relations inter-institutionnelles, de l'État de droit et de la Charte des droits fondamentaux, la tchèque centriste, avocate et femme d'affaires, Vera Jourova, Commissaire européenne chargée de la Justice, des consommateurs, et de l'égalité des genres (sic), et la chrétienne démocrate juriste belge Marianne Thyssen Commissaire européenne chargée de l'emploi et des affaires sociales ont donc écrit, en date du 30 octobre 2015, une adresse à leurs concitoyens administrateurs du Vieux Continent.
Au rythme actuel, nous devrons attendre 70 ans pour que l'inégalité salariale entre femmes et hommes soit résolue
"Ce lundi 2 novembre marque le jour de l'année où les femmes de toute l'Europe ne sont plus payées, tandis que les hommes continueront à l'être jusqu'au 31 décembre. Le salaire horaire moyen des femmes en Europe est de 16,3% inférieur à ce qu'il est pour les hommes, aussi effectivement les femmes travaillent-elles gratuitement 50 jours chaque année. L'égalité entre hommes et femmes est l'une des valeurs fondamentales de l'Union européenne, mais ce jour du 2 novembre nous rappelle que ce n'est pas une réalité fondamentale.
Le fosse salarial entre femmes et hommes est déjà injuste, injustifiée et inacceptable à court terme. Mais à long terme, il accumule tout au long de la carrière d'une femme un fossé de plus en plus important, qui se répercute sur les retraites, jusqu'à 39% de moins pour les femmes.
Les Européens estiment que l'écart salarial entre les sexes est l'une des inégalités urgentes à résoudre.
L'Europe dispose pourtant de lois pour parvenir à l'égalité. Mais elles ne sont pas suffisamment appliquées par les dirigeants à la tête des Etats membres. L'année dernière déjà nous avions adressé une recommandation aux Etats membres pour qu'ils traquent ce fossé entre les revenus. Nous nous engagions alors à soutenir tous les Etats membres, les autorités locales et autres parties prenantes, afin de leur permettre faire la différence sur le terrain.
Mais il y a eu trop peu, voire pas du tout de progrès ces années passées.
Autant que garantir un salaire égal pour les femmes sur le marché du travail, nous devons leur donner les moyens d'accéder au marché du travail aussi longtemps que les hommes. Passer moins de temps sur le marché du travail exacerbe l'écart de rémunération des retraites. Ceci est une question croisée de mentalités et d'opportunités.
Dans notre programme de travail pour 2016, nous allons prendre des mesures pour relever ce défi en aidant les parents qui travaillent et ont des enfants, comme ceux ceux qui travaillent tout en prenant soin de leurs proches à charge, cela afin d'équilibrer une carrière au regard des charges privées attribuées aux femmes. Le nouveau départ pour ces parents et ces soignants qui travaillent pointera le manque de possibilités de gardes d'enfants abordables, les modalités de travail trop rigides ou encore l'absence de mesures d'incitation destinées aux hommes afin qu'ils prennent plus de responsabilités domestiques au sein de leurs familles.
Au rythme actuel, l'écart de rémunération entre les sexes régresse si lentement que nous devrons attendre encore 70 ans pour atteindre l'égalité des salaires - c'est à dire non pas en une génération, mais en deux.
L'écart de rémunération est l'affaire de tous et tout le monde a tout à gagner de son élimination. Il est temps de combler le fossé ".
Les Terriennes ont adopté un mot dièse qui peut s'appliquer à quantités d'inégalités à travers le monde #yaduboulot. Y compris dans votre chaîne de télévision internationale. Si l'écart entre les salaires des femmes et des hommes, y est moins important au sommet de la hiérarchie que la moyenne européenne pointée par les Commissaires européens, il ne cesse de se creuser, passant en deux ans, entre 2012 et 2014, de 9% à 11%. Si l'on reprend donc la formulation des Commissaires européens, l'auteure de ces lignes n'est donc plus payée depuis la mi novembre... #yavraimentduboulot