Les Femen condamnées à quatre mois de prison

Les trois activistes FEMEN, deux Françaises et une Allemande, ont été condamnées à quatre mois de prison ferme à l'issue de leur procès qui s'est tenu après un report ce mercredi 12 juin 2013.
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Les Femen condamnées à quatre mois de prison
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Alors qu'elles risquaient jusqu'à 6 mois d'emprisonnement pour acte de « débauche », « le juge a condamné les trois Femen à quatre mois et un jour de prison ferme pour atteinte aux bonnes moeurs et à la pudeur », a précisé Souhaib Bahri, un des avocats des féministes. A l'audience, les trois militantes, recouvertes, comme le veut l'usage pour les femmes justiciables, d'un voile blanc traditionnel (le trasefsari), ont revendiqué leur action, deux semaines après avoir été arrêtées lors d'une manifestation seins nus à Tunis en soutien à Amina Sboui, l'une des leurs également arrêtée par la police tunisienne. « Je suis venue le 28 mai pour faire une manifestation politique et soutenir Amina. On s'est mis d'accord via Internet et nous sommes venues de Paris », a expliqué Josephine Markmann, la militante allemande. « Dévoiler nos seins n'est pas pour créer une excitation sexuelle mais il s'agit d'une forme de militantisme », a déclaré pour sa part l'une des Françaises, Marguerite Stern. Interrogée par le juge sur les intentions de récidive, la militante allemande, dont les propos étaient traduits en arabe par un traducteur, a rétorqué: « Je me réjouis de chaque opportunité pour exprimer mes positions politiques.» Plusieurs avocats d'associations islamiques demandant à se constituer partie civile ont ensuite été autorisés à présenter leurs arguments, dénonçant avec véhémence l'action de Femen dans ce pays musulman dirigé par le parti islamiste Ennahda. « C'est l'islam qui honore la femme et lui offre sa liberté et non le fait de se dévêtir », a lancé maître Slah Khlifi. Me Monaam Turki a lui estimé que l'action pouvait être qualifiée d'une tentative d'atteinte à la sûreté de l'État « l'article 71 du code pénal prévoyant un an de prison ». Un autre avocat a cité un proverbe arabe : « Une femme libre préfère être affamée que de manger grâce à ses seins. »

Just right now FEMEN activists have been sentenced to four months in prison by the Tunisian Islamists twitter.com/FEMEN_Movement…

— FEMEN (@FEMEN_Movement) 12 juin 2013
Femen compte poursuivre ses actions en Tunisie A Paris, après que le verdict soit tombée, la dirigeante ukrainienne de Femen, Inna Shevchenko, a prévenu que son organisation allait mener d'autres actions en Tunisie. « C'est une décision politique qui confirme le caractère dictatorial de la Tunisie pour qui il est plus simple de mettre des filles en prison que de reconnaître que les femmes ont le droit de disposer librement de leur corps », a-t-elle déclaré. « On est très en colère après ce verdict très dur et nous allons poursuivre nos actions en Tunisie, nous les préparons déjà, nous allons les élargir, les multiplier. On ne va pas arrêter », a-t-elle encore martelé. De son côté, l'avocat français des Femen, qui s'apprête à venir à Tunis, a exprimé sa consternation et dénoncé une atteinte à la liberté d'expression. « Je prends acte avec consternation de cette décision alors que l'infraction n'était pas constituée », a dit maître Patrick Klugman à l'AFP. « C'est une condamnation extrêmement lourde. C'est une atteinte grave à la liberté d'expression, pas seulement pour ces filles, mais pour la liberté d'expression en général », a-t-il souligné. Solidarités En solidarité, à la suite de la condamnation, le mouvement Femen a organisé des actions seins nus de soutien à leurs militantes devant le Parlement européen à Bruxelles et les ambassades de Tunisie en Suède et en Espagne. La famille d'Amina Tyler, la jeune activiste tunisienne sous le coup de plusieurs accusations et condamnations, s'est aussi finalement mobilisée. Dans une lettre ouverte adressée à "Son Excellence, le Président de la République Pr Moncef Marzouki, le Premier Ministre M Ali Aridh et le Président de l’Assemblée Constituante Dr  Mustapha Ben Jaafar", le Dr Sami Sboui, oncle maternel d’Amina Tyler, dit s'exprimer au nom de toute la famille : "La famille d’Amina exprime sa forte solidarité avec les 3 Femens, leurs familles, leurs amis, les collectifs de solidarité « Free Femen »... Comme la majorité des tunisiens, nous avons appris avec consternation l’aberrante décision de double peine. Double peine car leur noble acte de solidarité et d’engagement politique avec Amina, a été à la fois sévèrement condamné par 4 mois de prison ferme et frappé d’un intitulé humiliant de l’accusation/jugement : « condamnation pour acte de débauche et pour atteinte aux bonnes mœurs et à la pudeur ». C’est horrible pour ces jeunes militantes « féministes » de 19 ans qui ont mené une action à Tunis en solidarité avec Amina et qui se trouvent accusées d’action de proxénétisme et d’exhibition sexuelle."