Les femmes au travail, une solution pour doper la croissance
Publiant un rapport sur les inégalités entre les hommes et les femmes, l'OCDE préconise une série de réformes qui contribueraient non seulement à améliorer l'emploi féminin mais aussi à relancer une croissance en berne.
Dans les pays de l'OCDE, 53% des femmes ont une activité rémunérée contre 70% pour les hommes.
« Les femmes ne sont pas le problème ni même un problème, elle sont une partie de la solution », a déclaré le directeur de l'OCDE, Angel Gurría, le 17 décembre lors d'une conférence de presse à Paris. Une déclaration de plus pour flatter la gente féminine, pourraient dire les mauvaises langues. Pourtant, au regard des chiffres et des analyses, ces propos s'avèrent extrêmement justes. Dans un rapport de 320 pages rendu public le 17 décembre 2012, intitulé Inégalités hommes-femmes: il est temps d'agir, l'Organisation de coopération et de développement économique a procédé à de sérieux calculs et en est arrivée à la conclusion suivante : si le taux d'activité était identique entre les hommes et les femmes, le produit intérieur brut d'un pays augmenterait de 12 % sur une période de 20 ans ! Autrement dit, le travail féminin constitue un facteur de développement sur lequel il faut savoir miser. Pour l'heure, les discriminations entre les sexes sur le marché du travail persistent dans les 37 pays de l'OCDE. Les hommes gagnent en moyenne 16 % de plus que les femmes pour une activité similaire à plein temps. C'est en Corée du Sud que l'écart est le plus important (39%). Arrivent ensuite le Japon (28,7%) et l'Allemagne (20,8%). A contrario, c'est la Norvège qui affiche le plus faible écart de rémunération entre hommes et femmes (moins de 10%).
Les femmes sous-représentées dans les conseils d'administration des entreprises (cliquez sur l'image pour l'agrandir) - source OCDE.
En haut de l'échelle Les inégalités se creusent encore plus en haut de l'échelle hiérarchique où l'écart salarial peut atteindre 21 %. Le plafond de verre fait toujours son effet. « Les femmes occupent moins d'un tiers des postes de direction dans la zone OCDE », précise le rapport. La France apparaît ici comme le pays le moins machiste. Environ 37 % des postes de direction y sont détenues par des femmes. En revanche, le Luxembourg, pays de la finance, est le plus mal noté. Concernant les femmes dans les conseils d'administration des entreprises, le rapport pointe l'efficacité de la politique des quotas en s'appuyant sur le cas norvégien. Dans ce pays scandinave, la règle qui impose depuis 2006 aux société cotées en bourse de nommer au moins 40% de femmes ou d'hommes au sein de leur conseil d'administration est désormais appliquée à la lettre et respectée. Les femmes sont aussi moins nombreuses que les hommes à créer leur entreprise (environ 30%). « Et quand elles le font, précise le rapport, elles le font à une plus petite échelle et dans des secteurs plus limités.» Et ce pour deux raisons. « Les femmes lancent leur entreprise avec moins d'expérience dans le management et y consacrent moins de temps que les hommes. » Résultat, elles gagnent moins que leurs homologues masculins. Elles empruntent aussi moins. Est-ce par frilosité, manque de confiance ou parce que le prêt est plus difficile d'accès pour elles. Sur ce point, le rapport ne tranche pas mais cite le cas du Canada où les femmes doivent fournir davantage de pièces justificatives aux établissements financiers et celui de l'Italie où les femmes entrepreneures se voient demander des taux d'intérêt plus élevés.
Des écarts salariaux plus importants pour les mères de famille (cliquer l'image pour l'agrandir) - source OCDE
Le poids de la maternité Sans surprise, l'OCDE souligne aussi le poids de la maternité qui freine la carrière des femmes tant sur le plan hiérarchique que salarial. Alors que dans un couple sans enfant l’écart salarial est de 7%, il atteint 22% dans une famille qui élève un ou plusieurs enfants. Aussi l'OCDE préconise une répartition des tâches domestiques plus équilibrée entre les sexes, une meilleure offre de garde et un système scolaire plus développé pour les enfants en bas âge. Car si les femmes sont moins nombreuses que les hommes à exercer une activité rémunérée, elles passent globalement plus de temps à travailler – de façon rémunérée ou pas – que les hommes dans la quasi-totalité des pays de l'OCDE. Au final, pour faire bouger les lignes, l'OCDE alerte sur la nécessité de mener des réformes structurelles dans le domaine de l'éducation, de l'imposition et des prestations sociales. Mais pas seulement. Faire évoluer les stéréotypes et les schémas culturels s'avèrent aussi indispensable dans le monde de l'entreprise que dans celui de l'école. Des recommandations qui ne sont pas vraiment nouvelles mais qui sont rarement mises en oeuvre à grande échelle et de manière ferme.