De lourdes responsabilités Les objets présentés viennent des régions montagneuses du Maroc, allant du Rif (au Nord) à l'anti-Atlas (au Sud), majoritairement peuplées de Berbères qui représentaient près de 38% des habitants du pays en
2008. Une population autochtone d'Afrique du Nord, qui s'organise autour d'un système de tribus (regroupement de plusieurs familles) et dotée d'une culture particulière : une langue (l'amazigh), des coutumes, des croyances, mais aussi un goût pour l'apparat, très prononcé chez les femmes. Fabriqués par elles, ces divers objets matérialisent le rôle des femmes dans la tribu : elles endossent de nombreuses responsabilités dont dépend leur famille. La fabrication des bijoux en est un exemple. Créés par des hommes, ils sont essentiellement assemblés par les femmes, pour être portés lors de grands événements (mariages, fêtes, rites de passage). Avec ces bijoux, elles incarnent l'image de leur clan, selon Bjöern Dahlström, commissaire de l'exposition : "La femme représente la richesse de la famille. Elle arbore ces parures pour mieux signifier son appartenance sociale et son appartenance à la tribu. Si on compare l'apparat des femmes et des hommes, celui de la femme est le plus spectaculaire. Il y a une accumulation de bijoux : port de ces colliers, de ces parures de tête qui sont tout à fait extraordinaires. Chez les hommes, ça se limite à un beau poignard ou une belle djellaba." Elles ont aussi des responsabilités sociales, voire économiques, coutumières des sociétés paysannes au Maghreb et au Moyen-Orient : l'organisation de la famille, l'éducation des enfants ou la bonne récolte dans les champs pour la tribu. Selon
Meriem Rodary, spécialiste du travail des femmes au Maroc, "les femmes participaient à une économie familiale, voire à la survie du groupe", analyse-t-elle dans son
étude sur Le travail des femmes dans le Maroc pré-colonial, entre oppression et résistance publié dans Études africaines en 2007.