Durant le marathon de deux mois qui a occupé le nouveau président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, désigné et élu en juin 2014, la quête de femmes n'a pas été la moindre des difficultés. Ce sont les Etats qui, le plus souvent dans un subtil mélange de politique et de raisons politiciennes, désignent LEUR commissaire (un par pays membre).
Il aura donc fallu menacer, tempêter, sous la pression du Parlement européen pour arriver au seuil précédent de neuf commissaires au féminin, en dessous duquel la Commission n'aurait pas passé l'épreuve de la ratification.
Ce qui ne constitue pas un tiers de cette commission (prise de fonction le 1er novembre 2014) de 28 membres...Voici donc la liste des élues : Federica Mogherini, ministre des Affaires étrangères italienne, et reste à ces affaires-là en héritant du titre de Haute représentante de l'Union pour la politique étrangère et la sécurité ; la Bulgare Kristalina Georgieva, commissaire sortante à l'Action humanitaire, qui y reste ; la Suédoise Cecila Malmström, commissaire sortante aux Affaires intérieures qui passe au Commerce ; Vera Jourova, ministre tchèque du Développement régional qui se voit attribuer un fourre tout de Justice, consommation et égalité des sexes ; la Belge et eurodéputée Marianne Thyssen se battra pour les Affaires sociales ; la ministre danoise de l'Economie Margrethe Vestager part pour la Concurrence ; la vice-Première ministre polonaise Elzbieta Bienkowska s'occupera du Marché intérieur ; à la Première ministre sortante de Slovénie Alenka Bratusek échoit l'Energie ; tandis que la roumaine Corina Cretu, eurodéputée jusque-là s'intéressera, à la politique régionale.
Les domaines "durs" restent aux hommesMais si l'on regarde de plus près, et malgré trois vice-présidences accordées à des femmes (ce qui fait qu'il en reste tout de même quatre + la présidence aux messieurs, les bons comptes de la parité n'y étant pas), les représentantes choisies sont affectées, en quelque sorte, à des attributions "secondaires", les priorités - économiques - restant entre les mains des hommes : le français Pierre Moscovici aux Affaires économiques, le britannique Jonathan Hill aux Services financiers et l'allemand Günther Oettinger à l'Economie numérique, le finlandais Jyrki Katainen à l'emploi et à la croissance, et le letton Valdis Dombrovskis, à la coordination des politiques de "l'euro" et du "dialogue social".
Quant au poste de cheffe de la Diplomatie, en apparence si prestigieux, les commentateurs avisés rappellent qu'il est purement honorifique tant les Etat membres de l'Union sont jaloux de leurs prérogatives en ce domaine. Et que c'est
justement pour cela que l'on y met une femme, la sortante Catherine Ashton ou l'entrante Federica Mogherini...