Impressions et publications sur le front belge Cette expérience sur le front a profondément marqué l’œuvre et la vision du monde de May Sinclair. Outre son journal de guerre, ses nombreux articles sur le sujet, parus dans divers grands journaux et magazines nationaux entre 1915 et 1920 (
Women at Home,
People,
The Medical Press,
The New Statesman,
The English Review etc.), montrent bien à quel point elle fut bouleversée par ce qu’elle a vu des combats. La guerre influence aussi les essais philosophiques de la romancière, qui intègrera le «
comportement héroïque des soldats » à plusieurs de ses théories philosophiques.
A Journal of Impressions in Belgium est l’un des premiers journaux relatant des événements de la Première Guerre mondiale à avoir été publié en Angleterre. Cet écrit complexe et touchant semble avoir eu une fonction thérapeutique pour Sinclair, l’aidant à trouver du sens dans le chaos de son expérience de la guerre. Dès les premières pages, elle avertit d’ailleurs le lecteur qu’il y trouvera des inexactitudes et des erreurs sur les dates ou sur les noms. Qu’importe : le but de Sinclair est de retranscrire ses réactions, ses impressions et ses craintes et de montrer tout ce que la guerre peut faire – et défaire.
Dans la plupart de ses écrits de guerre, Sinclair établit de nombreux parallèles entre le sacrifice des soldats, envoyés en France ou en Belgique, et les combats des femmes britanniques pour l’égalité, chaque groupe étant représenté comme un « vortex », tourbillon incontrôlable concentrant les forces vives de la société de l’époque. Ainsi, Sinclair fait de la Grande Guerre le cadre de nombreuses nouvelles et de quatre de ses romans, tous fortement inspirés de son séjour sur le front :
Tasker Jevons : The Real Story/The Belfry (1916),
The Tree of Heaven (1917), Un Romanesque (1920) et
Anne Severn and the Fieldings (1922).
Tout différents qu’ils soient, ces quatre romans parlent essentiellement du rôle des femmes pendant la guerre, ainsi que des enjeux nouveaux liés à leur présence, quasi inédite dans l’histoire, sur les zones de combat. En effet, ses héroïnes Viola Jevons, Dorothy Harrison, Charlotte Redhead et Anne Severn ont en commun leur position d’observatrice, regardant, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, les combats et tout ce qui s’y joue. Ainsi, à la fin de ces quatre textes, ces quatre femmes sortent profondément affaiblies, de leurs expériences sur le front, mais elles ont aussi gagné en lucidité et en autonomie.