Débuts militants outre-AtlantiqueAnne Morgan, née en 1873, dans l’État de New York, est l’héritière du richissime banquier John Pierpont Morgan, (la célèbre ?
JPMorgan Chase? bank qui s'est rendue tristement célèbre pour son rôle fâcheux dans la crise des ‘subprimes’ de 2008…). Très jeune, elle refuse son destin tout tracé de femme aisée et oisive, coupée de la réalité et esquive les futilités réservées à sa lignée.
Son intérêt pour les questions sociales fut même considérable mais en même temps, elle fut l'une des fondatrices du « Colony Club », en 1903, réservé exclusivement aux élues de la bonne société newyorkaise. Cette contradiction entre le principe, la richesse et la famille déclencha nombre de commentaires au sein de la haute société de l’époque. Elle s’engagea auprès de l’ennemi naturel de son père, la main d’œuvre ouvrière, tout en ne faisant aucune critique publique à son encontre comme patron riche et capitaliste. Et lui, non plus, n’a jamais rien fait pour désavouer ou empêcher l’engagement de sa fille.
Le 7 mars 1908, sa demeure abrite une réunion des militantes pour les droits des femmes, afin d’organiser les travailleuses de la
National Civic Federation (NCF - Fédération civique nationale), organisme de dialogue entre les syndicats et le patronat américains.
Elle s'investit pendant la «
grève des femmes travailleuses des industries textiles » à New York en 1909, (l'‘
Uprising of the 20,000”), au cours de laquelle des ouvrières juives et italiennes, issues de l’immigration, réclament des améliorations à leurs précaires conditions de travail. Morgan et les femmes entêtées de son cercle, lancent alors des fonds de solidarité afin de soutenir leur cause.
Les militantes du mouvement ouvrier n’étaient certes pas toutes d’accord avec les actions de ce groupe de bourgeoises, membres d’un club qui ne les admettrai jamais dans d’autres circonstances, mais les récits de l’époque montrent que les piquets de grève étaient plus déterminés que jamais, grâce aussi à l'appui des femmes du « Colony Club ». Leurs noms et leur influence servaient la cause. C’est ainsi que Anne Morgan a co-dirigé un comité pour recruter des fidèles et dénoncer le harcèlement de police, lors des manifestations.