Les femmes face à un risque cardiovasculaire croissant

À quelques jours des JO, un rappel : l'activité physique est le meilleur moyen de prévenir les risques cardiovasculaires. D'autant plus pour les femmes. Les maladies du coeur restent la première cause de mortalité des femmes en France et dans le monde. 

Image
Agir pour le coeur des femmes

Chaque jour en France, deux femmes décèdent d'un accident de voiture, trente-trois d'un cancer du sein et deux cents de maladies cardiovasculaires. Combien seront-elles demain ?

©Agir pour le coeur des femmes
Partager3 minutes de lecture

À quelques jours de l'ouverture des Jeux Olympiques de Paris, il est nécessaire de rappeller, comme le fait l'association Agir pour le coeur, que la principale alliée pour prévenir les maladies cardiovasculaires reste l'activité physique quotidienne. Et les femmes profitent de ses bienfaits encore plus que les hommes. Pourtant, elles ont tendance à abandonner toute pratique d'un sport et ce dès le plus jeune âge. Avec seulement 30 minutes d'activité modérée par jour (marche par exemple), le risque cardiovasculaire diminue de 35%. Et ces bénéfices se font tout particulièrement ressentir à partir de l'entrée dans la ménopause.

200 femmes par jour en France

Le saviez-vous ? Chaque jour en France, deux femmes décèdent d'un accident de voiture, trente-trois d'un cancer du sein et deux cents de maladies cardiovasculaires. Un chiffre bien trop peu connu. Un chiffre qui interpelle.

200 femmes meurent en France par jour
© Agir pour le coeur des femmes

Un chiffre que souhaite mettre en avant Sabrina, ambassadrice de l'association Agir pour le Coeur de femmes, dans une vidéo mise en ligne sur le site du gouvernement français, dans le cadre de la Journée internationale de la santé des femmes, le 28 mai. 

La jeune femme raconte avoir perdu sa soeur en 2010, suite à un infarctus du myocarde. Des années plus tard, en 2021, elle-même va aussi être victime d'un infarctus. Un matin, au révail, elle se sent oppressée sans trop comprendre ce qui se passe. Son mari reconnait les symptômes constatés par le passé par sa soeur et l'aide à prendre conscience de ce qui est en train de lui arriver. Prise en charge à temps par le SAMU, elle s'en sort. "Il faut savoir qu'une femme met 15 minutes de plus qu'un homme à appeller les urgences", témoigne Sabrina. 

Neuf femmes sur 10 concernées

200 femmes aujourd'hui, mais demain ? Ce chiffre pourrait augmenter car l'heure est à l'inquiétude. Pour sa troisième édition, l’Observatoire National de la Santé des Femmes met en lumière le caractère alarmant de l’urgence médicale et sociétale que constituent les maladies cardiovasculaires chez les femmes. 89% des femmes participant à cette étude, soit neuf femmes sur 10 présentent au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire. 

On sait aujourd'hui que 30 % des victimes d'un infarctus du myocarde de moins de 55 ans sont des femmes (contre 13 % en 1999). Et que leur hospitalisation, entre 45 et 54 ans, progresse de 5 % par an.

8 décès cardiovasculaires sur 10 pourraient être évités avec une bonne hygiène de vie et un suivi médical régulier. Or, l'étude montre que seulement une femme sur 5 bénéficie d'un suivi cardiovasculaire (79% n'en ont aucun).

Relire notre article Maladies cardiovasculaires : soigner le coeur des femmes

Pour aider les femmes à être davantage actrices de leur propre santé en "binôme" avec leur médecin, Agir pour le Cœur des Femmes met à leur disposition cet auto-
questionnaire ‘Je prépare ma consultation’, en téléchargement sur son site via ce lien.

Le Coeur des femmes, cet incompris ...

Depuis 2021, Agir pour le Cœur des Femmes compile et analyse les dossiers médicaux issus des dépistages du Bus du Cœur des Femmes. 

Avec une cohorte de plus de 8 000 femmes sur 3 ans, cette étude permet d’afficher une photographie complète de la santé cardiovasculaire et gynéco-obstétrique des femmes en France, en répertoriant l’ensemble des facteurs de risque identifiés au sein du parcours de repérage (plus de 100 marqueurs).

"Au travers de nos différents dispositifs de prévention en actions dans les territoires, que ce soit le Bus du Cœur des Femmes ou les Journées du Cœur des Femmes, nous mobilisons tout un écosystème au service de la santé des femmes, grâce au soutien de tous nos partenaires et donateurs. Agir pour le Cœur des Femmes a réussi en 4 ans à réunir le privé et le public, les entreprises et les associations, les collectivités, les professionnels de santé de toutes disciplines, qui déploient dans les territoires une formidable intelligence collective pour sauver des vies", déclarent les cofondateurs d’Agir pour le Cœur des Femmes, la Pr Claire-Mounier Véhier et Thierry Drilhon .

Bus coeur des femmes

Les bus de l'association "Agir pour le coeur des femmes" sillonnent la France au quotidien pour sensibiliser aux risques cardiovasculaires féminins. 

©Agir Coeur des femmes

Ménopause : facteur à haut risque

L’âge médian de ces femmes était de 55 ans, correspondant à la ménopause. Près de la moitié d’entre elles (46 %) cumulent deux facteurs de risque gynéco-obstétriques (contraception contre indiquée, suivi gynécologique inexistant, grossesses tardives...) en plus des facteurs de risque cardiovasculaires, faisant d’elles des femmes à haut risque. Pour rappel, plus de 13 millions de femmes ont plus de 55 ans en France, selon les chiffres de l'INSEE de 2023. 

Les trois quart des femmes ménopausées ne sont pas suivies par un cardiologue, alors qu’elles sont dans la période la plus à risque de leur vie, et moins de la moitié d’entre elles (44 %) ont un suivi gynécologique à jour. Passé 69 ans, le suivi gynécologique des
femmes s’écroule, alors qu’elles devraient à minima poursuivre leurs mammographies tous les deux ans. 

Les femmes ménopausées sont moins bien suivies que les femmes non ménopausées sur le plan gynécologique, et très insuffisamment suivies sur le plan cardiovasculaire.

Lorsqu'une femme présentant des facteurs de risque cardiovasculaire (surpoids, hypertension, sédentarité, stress chronique, diabète, cholestérol...) ressent une sensation répétée d'oppression, une fatigue régulière inexpliquée, un essoufflement à l'effort, des palpitations, ou des désagréments digestifs et nausées, elle doit consulter et être prise au sérieux.

Risques psycho-sociaux : charge mentale, stress, tabac, alcool

Deux tiers des femmes (69%) présentent des facteurs de risque psycho-sociaux, comme le stress chronique, qui sont des accélérateurs de l’entrée dans la maladie cardiovasculaire. 

Ces facteurs de risque, les femmes du XXIème siècle les cumulent plus que jamais : l’accroissement de la charge mentale et l’adoption croissante de comportements à risque (sédentarité, mauvaise alimentation, tabac, alcool, contraception contre-indiquée...) réduisent de plus en plus les écarts hommes / femmes en termes de mortalité cardiovasculaire, malheureusement pas dans le bon sens. 

Le manque de prise en compte des spécificités féminines par la médecine tend à générer des défauts de prise en charge majeurs. Les symptômes sont moins bien identifiés, les traitements plutôt adaptés aux hommes ... A cela s’ajoute l’appréhension de
pratiquer un massage cardiaque à une femme par peur de lui toucher les seins ...

Lire aussi dans Terriennes : 

Maladies cardiovasculaires : soigner le coeur des femmes

Santé : le coeur des jeunes femmes de plus en plus fragile et à risque

À Davos, les plus riches trouvent un intérêt à améliorer la santé des femmes

Quand l'intelligence artificielle se met au service de la santé des femmes

Les vacances moins reposantes pour les femmes que pour les hommes