C’est une banalité de constater que le dialogue entre les civilisations ne peut progresser qu’à la condition de mieux se connaître les uns les autres, qu’il n’y a de dialogue possible que dans la compréhension et le respect mutuel. Cette compréhension suppose naturellement la connaissance des différentes cultures et des civilisations, de leur histoire et des valeurs qu’elles véhiculent. C’est grâce à cette ouverture d’esprit que pourront se développer les échanges entre institutions, entre associations, entre personnes.
La question de l’éducation est au cœur du sujet car il existe de graves lacunes dans la connaissance des civilisations respectives. A propos de l’Islam, il faut bien constater que souvent les médias occidentaux colportent des clichés ou des visions très partiales ou partielles. C’est ainsi que se nourrissent les fantasmes, que se creuse le fossé entre les peuples, que se prépare le choc de civilisations.
Images et conditions des femmes musulmanes entre clichés et réalités
Ce problème d’incompréhension est particulièrement aigu vis à vis des "femmes et Islam". Sur cette question, il y a deux écueils. D’une part, la mauvaise foi de tous ceux qui ont intérêt à dénigrer l’Islam. D’autre part, les agissements de groupes extrémistes déviants qui donnent une très mauvaise image de la religion musulmane en caricaturant ses préceptes. C’est le problème des pratiques contestables et intolérables dans certains pays, telles que la lapidation, l’excision, les crimes d’honneur etc. Et la liste est malheureusement longue ! Mais tout cela n’est pas l’Islam.
On ne peut pas empêcher des extrémistes, voire des ignorants de dire des inepties. On ne peut pas confondre le poids des coutumes locales et le véritable message de l’Islam. Une distinction entre la religion musulmane, les coutumes et autres pratiques qui sont très éloignées des prescriptions islamiques s’impose. S’il est incontestable que la condition des femmes dans certains pays musulmans – et plus particulièrement dans certaines couches de population - est déplorable, ce serait une erreur d’imputer la responsabilité de ce genre de situation à l’Islam.
Le principe de l'égalité des sexes au coeur de l'exégèse
Il faut donc rappeler aux occidentaux que l’Islam pose le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes et tend au progrès de la condition féminine. Il n’existe pas, ou plutôt, il ne devrait pas exister de préférence d’un homme à une femme ou d’une femme à un homme, si ce n’est pour leur piété. L’Islam prescrit explicitement le droit à l’instruction, au travail, à gérer ses biens et à entreprendre, à l’héritage, à choisir son mari – puisqu’un mariage sans consentement est considéré comme nul par le droit islamique.
Sur le plan politique, les femmes peuvent participer à tous les actes de la vie publique. Ainsi, depuis les origines, comme l’atteste la sourate al Moumtahanah, elles participent à la
bay’ah, ce pacte d’allégeance qui est l’un des actes fondamentaux du droit public islamique. Rien dans l’Islam ne s’oppose à ce qu’une femme exerce une responsabilité, par exemple en participant à la consultation (choura) au sein du conseil ou du parlement, en exerçant des fonctions ministérielles ou même en occupant la fonction de chef d’Etat. Le Coran loue d’ailleurs la sagesse et la compétence de la Reine de Saba, Balkis, ce qui démontre que le Livre saint n’exclut aucunement la possibilité qu’une femme puisse diriger les affaires publiques. Ce principe a été rappelé dans
une fatwa du Moufti d'Egypte, cheikh Ali Gomaa, le 4 février 2007.