Fil d'Ariane
Voici quelques rencontres et paroles recueillies, au fil du week-end, avec des responsables et visiteurs engagés dans la contribution majeure des femmes à la solidarité internationale.
La Fête de l’Huma a rassemblé, cette année encore, de nombreuses délégations étrangères. Plus de 70 pays étaient représentés aux festivités, mais surtout aux réflexions engagées à l’initiative de L’Humanité » et du PCF.
Je suis la première femme à avoir la responsabilité de l’international au sein du Parti
Lydia Samarbakhsh, responsable du Département International au sein du Parti, se réjouit de cette forte participation en même temps qu’elle souligne l’évolution du PCF, très vigilant aujourd’hui à prendre en intégrer la parité : « je suis la première femme à avoir la responsabilité de l’international au sein du Parti. La parité existe au sein de toutes nos instances. Dans nos actions, nous nous employons à aider à consolider le rôle des femmes dans les processus de démocratisation. C’est le cas en Tunisie. Les femmes ont pris une grande part dans la révolution et il s’agissait que la constitution soit rédigée en leur donnant toute leur place. Nous sommes aussi, par exemple, aux côtés des femmes palestiniennes, des femmes kurdes. Le Parti Démocratique des Peuples (HDP) en Turquie est d’ailleurs particulièrement en pointe puisque le féminisme constitue un de ses 3 piliers fondateurs, aux côtés de la démocratie et de l’écologie. Nos actions internationales visent par ailleurs à consolider la participation des femmes africaines à l’émergence de leurs pays. Aminata Traoré, figure de proue du gouvernement Sankara au Mali, est parmi nous ce week-end. Autre combat de pointe pour le PCF : l’aide aux femmes mexicaines qui, au départ, étaient des femmes du peuple sans engagement politique particulier, et qui sont montées en puissance dans la lutte contre le trafic de drogue et la corruption ».
Autre acteur de la parité rencontré ce week-end : Laurent Klagnbaum, responsable de la communication au PCF, qui s’est employé ces derniers mois à sortir le Parti d’une image ringarde : « j’ai demandé à 8 graphistes de travailler avec les responsables des grands secteurs thématiques au sein du Parti et nous leur avons ensuite commandé des affiches qui constituent aujourd’hui une exposition en circulation. Il s’agissait que l’imaginaire et le savoir-faire de .ces artistes fertilisent les idées politiques. Dans cette action, j’ai tenu à ce qu’il y ait parité alors qu’on ne me proposait au départ que des noms de graphistes hommes ! Aux côtés de Claude Baillargeon ou Dugudus, vous trouvez Laurence Barrey, Julia Chantel, Vanessa Verillon… Tous ces artistes ont, depuis, été repérés par la BNF et figureront dans une grande exposition cet automne. »
Parmi les « stars » internationales invitées dimanche dernier, figurait Gérardo Hernandez. On se souvient qu’il avait été reçu en héros, en 2014, par Raoul Castro, avec ses 4 compagnons « d’infortune ». Il venait de passer près de 15 ans dans les geôles des Etats-Unis à la suite d’un procès qualifié d’inique par la presse française notamment. Les « Cinq de Miami », considérés comme des espions, avaient été envoyés en Floride pour repérer les anticastristes responsables de nombreux attentats mortels sur l’Ile, destinés à dissuader le tourisme. La Fête de l’Huma 2015 s’est montrée, une fois de plus, le lieu de rencontres imprévues entre citoyens du monde qui se reconnaissent dans leurs engagements respectifs : le premier participant à saluer Gérardo Hernandez a été Stephen Lewis, un ancien syndicaliste et activiste politique venu spécialement des Etats-Unis pour vivre l’expérience de cette Fête connue apparemment partout dans le monde.
Stephen Lewis : avec la guerre au Vietnam, ma prise de conscience à propos du féminisme et du sexisme s’est accrue
« Je suis personnellement un des organisateurs de la Fête du Travail à Lawrence, près de Boston, au sein de l’organisation « Bread and Roses » et je suis émerveillé par la vitalité de ce grand rendez-vous parisien. Je suis engagé dans la lutte pour la levée du blocus à Cuba et j’ai été très heureux d’échanger avec Gérardo Hernandez. Mes premières actions militantes remontent au collège, en 1968, En même temps que je me suis investi contre la guerre au Vietnam, ma prise de conscience à propos du féminisme et du sexisme s’est accrue. Plus tard, durant mon premier job en tant que « streetworker » (travailleur social dans la rue) j’ai commencé à comprendre l’injustice des lois contre la prostitution ; j’ai alors créé le PUMA (Prostitution Union of Massachussetts) et j’ai travaillé avec les prostituées pour tenter de changer la législation » .
Pour preuve que l’investissement politique est intimement lié, pour Stephen Lewis, à la lutte contre le sexisme et pour l’égalité, on retrouve ces deux thématiques au cœur des expositions que notre visiteur américain fait circuler chaque mois dans des bibliothèques publiques de sa région aux Etats-Unis. Des expositions qui auront désormais un petit « parfum » français grâce aux affiches collectées ce week-end sur les stands de la Fête de l’Huma, et venues enrichir sa collection internationale.
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