La directrice générale du Fonds Monétaire International Christine Lagarde en visite au Maroc du 7 au 10 mai 2014 aura-t-elle entendu l'écho des manifestant-e-s, très en colère contre les revers du micro crédit, ce système sensé apporter prospérité et émancipation aux femmes, qui en sont les principales bénéficiaires ? C'est que juste avant sa venue, à la fin du mois d'avril, la Caravane internationale en solidarité avec les victimes des microcrédits avait sillonné le pays pour dénoncer un modèle socio-économique qui s'avère catastrophique pour nombre de bénéficiaires. Depuis plus de trois ans, la région de Ouarzazate, au Sud du Maroc, est en ébullition contre ce qui est souvent présenté comme l'arme anti-pauvreté absolue, la clé de l'émancipation des femmes, la solution contre la faim, en particulier à destination des femmes. Mais loin de leur permettre de sortir de la misère, comme on le leur avait promis, ces emprunts, aussi petits soient-ils, les ont enfermé-e-s dans une spirale d’endettement dont ils ne parviennent plus à sortir, et ont souvent aggravé leur pauvreté. L'envers des mirages Elle semble déjà loin l'année 2006 lorsque Muhammad Yunus et sa Grameen Bank avaient reçu le prix Nobel de la Paix pour avoir promu ce système qui, s'il a fait ses preuves dans certaines régions oubliées du développement (avec des remboursements honorés dans la majorité des cas), a causé bien des dégâts ailleurs, en particulier lorsqu'il a servi les intérêts financiers de prêteurs y voyant une bonne aubaine. Comme
Muhammad Yunus lui même visé par une enquête sur les pratiques financières au sein de la Grameen Bank : selon une émission de télévision norvégienne diffusée en décembre 2010, cet établissement financier destiné à aider les pauvres parmi les pauvres, aurait détourné entre 1996 et 1998 près de 100 millions de dollars d’aides perçues, au bénéfice d’une autre société, la Grameen Kalyan, sans lien avec le microcrédit. Partout des voix s'élèvent contre ce qui apparaît un néo-capitalisme très juteux, les endettés devant rembourser le double de la somme prêtée, soit un taux résolument usuraire...