Les petites entreprises dirigées par des Françaises peinent à devenir grandes

Selon l'étude menée par Women Equity for Growth pour son palmarès 2014, rendue publique à la mi-décembre, les PME dirigées par des femmes affichent, encore cette année, de meilleures performances que celles dirigées par des hommes. Mais elles manquent de moyens pour croître.
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Les petites entreprises dirigées par des Françaises peinent à devenir grandes
photo de la Banque mondiale web.worldbank.org/
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Les gouvernements successifs, en France, en rêvent, et l'économie de l'Hexagone en a bien besoin : les petites et moyennes entreprises doivent passer au stade supérieur, pour créer un « mittlestand » à l'allemande - des entreprises plus grandes, tournées vers l'international, qui supportent ainsi mieux la crise et, surtout, qui embauchent. Or les PME françaises calent en côte. C'est vrai pour celles qui sont dirigées par des hommes - la majorité, mais aussi pour celles qui ont été créées et sont dirigées par des femmes.



Pourtant, sur ces trois dernières années, les petites entreprises dirigées par des femmes affichent une performance supérieure, même en ces temps de conjoncture économique difficile, à celles dirigées par des hommes. Ainsi, l'an dernier, sur l'échantillon étudié par Women Equity for Growth (qui a choisi toutes les PME affichant un chiffre d'affaires de 4 millions à 100 millions d'euros, soit près de 30 000 au total), 70% des sociétés dirigées par des femmes (près de 3 500), ont été en croissance, contre seulement 67% pour les entreprises à direction masculine (plus de 25 000), et ce, dans tous les secteurs. De quoi, normalement, attirer des investisseurs et séduire les banquiers....


Manque de réseau et préjugés 


Au contraire, les femmes ont du mal à trouver les fonds nécessaires à l'expansion de leur entreprise. « Elles ne pensent pas à faire appel au crédit et s'appuient plus volontiers sur l'auto-financement », explique ainsi Sofia Merlo, co-PDG de la gestion de fortune chez BNP-Paribas, la banque partenaire de Women Equity for Growth pour cette étude. Or pour passer d'une petite entreprise à une plus grande, l'auto-financement ne suffit pas toujours, afin d'effectuer l'acquisition d'une autre entreprise, par exemple. Mieux vaudrait, pour avoir les ressources nécesssaires, ouvrir le capital à un investisseur. Et c'est là que le bât blesse : les investisseurs en capital semblent bouder les entreprises dirigées par des femmes dans l'Hexagone... En fait, relève Dunya Bouhacene, la présidente de Women Equity for Growth, « alors que les PME dirigées par des femmes représentent environ 15% du tissu économique français, elles ne représentent que 1,5% de ce type de transactions ». Manque de réseau et problèmes de préjugés, qui privent encore les dirigeantes françaises de la crédibilité qu'elles méritent, sont sans doute à la racine du problème.


Faire basculer les PME féminines du côté des grandes entreprises


Un problème qu'il s'agit de résoudre, d'autant qu'il existe une « prime à la taille », comme le montre l'étude. Qu'elles soient dirigées par des hommes ou des femmes, seules les PME affichant un chiffre d'affaires supérieur à 50 millions d'euros ont enregistré, en 2013, une progression notable de leurs ventes : 3,7% en moyenne (contre 5,3% en moyenne sur les 3 dernières années, signe que la crise s'intensifie).


Il faut donc, du fait que les femmes sont de plus en plus nombreuses à choisir l'entreprenariat, ne serait-ce que parce qu'elles ont du mal à grimper dans la hiérarchie des entreprises et sont les premières à subir chômage et travail partiel, « s'intéresser en particulier aux PME dirigées par des femmes qui offrent un profil de performance attrayant, remarque Dunya Bouhacene, afin de leur permettre de basculer du côté des Entreprises de Taille Intermédiaire ». Un appel lancé aussi bien aux banques qu'aux investisseurs, sans oublier des organismes d'Etat comme la BPI (Banque publique d'investissement), dont la vocation est d'accompagner les PME - toutes les PME...


Lysiane J.Baudu

Lysiane J.Baudu
Ancienne grand reporter à La Tribune, Lysiane J. Baudu a rencontré, pendant ses 20 ans de journalisme international, des femmes du monde entier. 
 
Ces "rencontres" feront l'objet de billets, qui lui permettront de faire partager ses impressions, ses analyses, son ressenti au contact de ces femmes, dont l'action professionnelle fait sens pour toutes les autres, de même que pour la société.