"Libérez immédiatement Ekaterina Samoutsevitch, dont la peine est transformée en condamnation avec sursis", a déclaré la présidente du tribunal municipal de Moscou, Larissa Poliakova, ajoutant que la condamnation des deux autres femmes, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina, était "maintenue sans changement" à l'issue de ce procès en appel. Les trois jeunes femmes se sont congratulées dans leur cage en verre, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina félicitant apparemment leur amie pour sa libération. Condamnées toutes les trois en première instance le 17 août à deux ans de camp, elles étaient jugées pour "houliganisme" et "incitation à la haine religieuse" pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à deux pas du Kremlin, une "prière punk" demandant à la Sainte Vierge de "chasser Poutine" du pouvoir. Le procès en appel s'était ouvert le 1er octobre, mais le tribunal avait renvoyé l'affaire, Ekaterina Samoutsevitch ayant annoncé s'être séparée de ses avocats en évoquant des désaccords sur la ligne de défense adoptée. La nouvelle avocate de Mme Samoutsevitch, Irina Khrounova, a affirmé que sa cliente n'avait pas participé à la "prière punk" anti-Poutine devant l'autel, dans la mesure où elle avait été interpellée peu après être entrée dans la cathédrale. "La prière punk a eu lieu sans Samoutsevitch. Elle avait déjà été emmenée hors de l'église", a déclaré Irina Khrounova. "Je dois répondre de ce que j'ai fait moi-même", avait déclaré peu auparavant Ekaterina Samoutsevitch. De manière inattendue, l'un des avocats des parties civiles, Lev Lialine, a soutenu cette déclaration en réclamant lui aussi que le tribunal prenne en compte l'implication individuelle de chaque prévenue. "Le tribunal a jugé que les circonstances exposées permettaient de condamner Samoutsevitch à une peine avec sursis", a expliqué à l'issue du procès la présidente du tribunal. "Nous ne nous tairons pas" Les trois jeune femmes ont réitéré leurs excuses à ceux qui ont été choqués par leur action, tout en réaffirmant que leur geste était politique et dirigé contre Vladimir Poutine. "Nous n'avons pas voulu offenser les croyants", a déclaré Mme Samoutsevitch. "Si cela a été le cas, nous nous en excusons. Notre action était politique", a-t-elle ajouté en s'exprimant de manière décontractée, main dans la poche. "Nous sommes toutes les trois innocentes, nous sommes en prison pour nos opinions politiques", a renchéri Maria Alekhina, qui a réclamé elle aussi l'annulation du jugement en première instance et sa remise en liberté. La troisième prévenue, Nadejda Tolokonnikova, a elle aussi déclaré qu'elle était prête à s'excuser si elle avait offensé des croyants. Mais "un repentir est impossible car ce serait reconnaître que notre action était antireligieuse, ce qui n'est pas le cas", a-t-elle souligné. L'affaire des Pussy Riot a divisé la société en Russie et suscité l'indignation à travers le monde. De nombreux appels à la libération des jeunes femmes ont été lancés, notamment par l'icône de la démocratie birmane Aung San Suu Kyi et la star de la pop américaine Madonna. Les deux jeunes femmes condamnées en appel seront transférées dans un camp.