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La Journée de la santé menstruelle sensibilise à l'importance de l'éducation et des ressources contribuant à la scolarisation des filles pendant leurs règles, ainsi qu'à l'élimination de la stigmatisation et de la discrimination des femmes.
Ce 28 mai 2025 marque la onzième édition de la journée de l'hygiène - ou santé - menstruelle. Gratuité des protections périodiques, campagnes de sensibilisation, construction de toilettes adaptées... Malgré des avancées notables, il reste encore beaucoup à faire. Tour d'horizon.
Quelle réalité recouvre "l'hygiène menstruelle" ? Ce terme désigne la capacité à prendre en charge son cycle de manière digne et saine. Des besoins en matière de santé et d'hygiène qui sont loin d'être toujours satisfaits, souligne l'UNFPA, l'agence onusienne chargée de la santé sexuelle et reproductive. Les associations préfèrent utiliser le terme de santé menstruelle.
Les cycles menstruels comptant en moyenne 28 jours et les règles durant environ cinq jours par mois, la journée internationale consacrée à ce sujet a été fixée le 28/05.
Honte, exclusion sociale, déscolarisation des filles à la puberté, précarité menstruelle qui met leur vie en danger...Tout cela enferme les femmes dans une situation de violences et de pauvreté.Marina Ogier
Pour les organisations internationales et les ONG, l'hygiène menstruelle dépend de plusieurs facteurs : des produits "sûrs, acceptables et fiables", l'intimité pour changer de protections, des structures sanitaires pour se laver en toute sécurité et en préservant son intimité, des informations permettant de faire des choix éclairés.
Or selon une enquête publiée en 2023 par l'ONG Plan international, une femme sur 4 ayant ses règles dans le monde n'a pas accès aux produits et équipements nécessaires. En cause : des inégalités de genre persistantes notamment, des normes sociales discriminantes ou encore des tabous culturels. "Le tabou des règles est la discrimination sexiste la plus répandue dans le monde, on la trouve aussi bien en France qu'en Somalie ou au Vanuatu", souligne de son côté Marina Ogier, de l'ONG CARE France.
Pour l'Onu, une mauvaise santé et une mauvaise hygiène menstruelles "portent atteinte aux droits fondamentaux, y compris le droit de travailler et d'aller à l'école". "Honte, exclusion sociale, déscolarisation des filles à la puberté, précarité menstruelle qui met leur vie en danger...Tout cela enferme les femmes dans une situation de violences et de pauvreté", abonde Marina Ogier.
L'Unesco estime qu'en Afrique subsaharienne, une fille sur 10 manque l'école lors de son cycle menstruel, ce qui représente 20% du temps scolaire perdu sur une année.
Sur le plan de la santé, les conséquences sont tout aussi désastreuses. Faute d'accès aux protections périodiques, des femmes se retrouvent à utiliser comme moyen de substitution des vieux journaux, de la boue séchée ou des chiffons. "Le recours à des matériaux non hygiéniques peut non seulement être inconfortable, mais aussi conduire à des infections, surtout lorsque l'accès à l'eau propre est limité pour le lavage et l'élimination des produits sanitaires usagés de manière appropriée", alerte Plan International.
En dix ans, des avancées ont toutefois été observées. Les appels à réduire ou à supprimer les taxes sur les produits menstruels ou leurs composants gagnent du terrain, tout comme la question de leur remboursement. En France, le budget 2024 de la Sécurité sociale prévoit ainsi le remboursement de protections menstruelles réutilisables (culottes et coupes) pour les assurées de moins de 26 ans, ainsi que pour les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S) sans limite d'âge.
Les conséquences du tabou des règles sont largement méconnues en France alors qu’elles sont dévastatrices. Aurore Pereira
Longtemps tue dans le domaine du sport, la question des règles est depuis quelques années un peu moins taboue. Plusieurs athlètes internationales ont ouvertement pris la parole sur ce sujet, aussi bien pour évoquer la question de la performance que celle du bien-être mental et physique.
De nombreux défis persistent, au premier rang desquels la question cruciale de l'accès à l'eau, aux services d'assainissement et aux infrastructures encore à la peine dans de nombreux pays.
En dépit des actions menées par les associations, les femmes sans-abri tout comme les femmes migrantes restent toujours touchées de plein fouet par cette précarité menstruelle. Durant leur parcours migratoire, "le simple fait de pouvoir s'isoler dans des toilettes lorsqu'une femme a ses règles s'avère impossible, faute d'installations, voire dangereux si jamais des toilettes sont accessibles", s'alarmait encore en mars dernier SOS Méditerranée.
Des campagnes de sensibilisation ont notamment été menées dans de nombreux pays pour tenter d'ôter le tabou associé à cette question.
Campagne de l'ONG CARE France "Les règles sont naturelles. Pas l'injustice"
Chiffres et réalités
- Exclusion : dans certains pays, les femmes sont jugées "impures" quand elles ont leurs règles. Au Vanuatu ou au Népal, elles sont chassées du foyer pendant leurs menstruations et doivent dormir dans des abris précaires, causant plusieurs décès chaque année. 85% des adolescentes sont victimes d'exclusion pendant leurs règles, selon Demographic and Health Survey, 2022.
- Risques de santé : Faute de protections périodiques, des centaines de milliers de femmes dans le monde utilisent des substituts dangereux (boue, papier journal, chiffons souillés), favorisant infections et maladies.
- Inégalités : Dans beaucoup de pays, des adolescentes manquent l’école lorsqu’elles ont leurs règles, faute de protections et de sanitaires adaptés. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, un tiers des filles manquent une partie ou la totalité des jours d’école pendant leurs règles selon l'UNICEF en 2024 . Ce décrochage scolaire accentue les inégalités de genre.
- Honte et stigmatisation : Le sang menstruel est perçu comme « sale » partout dans le monde. En France, plus d’une fille sur deux de 11 à 18 ans a ressenti de l’angoisse ou de la peur lors de leurs premières règles, selon Opinion Way et Règles élémentaires, 2023.
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