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En dévoilant le bilan officiel des "morts violentes au sein du couple" recensées en 2020, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin annonce de nouvelles mesures pour endiguer ce fléau de société. Des mesures pas vraiment nouvelles, mais qui manquent de moyens financiers pour être vraiment mises en oeuvre, objectent les associations féministes.
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin, le 25 mai 2021, lors d'une conférence de presse à Paris.
1er août 2021, 70e féminicide de l'année en France : une femme de 48 ans, résidant dans l'Aveyron, à été tuée à l'arme blanche par son compagnon sur un chemin communal. Son compagnon a tenté de se suicider avec l'arme du crime ; il est actuellement hospitalisé.
Aveyron : Une femme de 48 ans tuée à l'arme blanche, son compagnon aurait tenté de se suicider après le meurtrehttps://t.co/Pn5fnbgnG8
— Actu17 (@Actu17) August 2, 2021
Le même jour, dans un entretien au quotidien Le Parisien, le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin dévoile le bilan des violences au sein du couple pour 2020 : 102 femmes - et 23 hommes - ont perdu la vie sous les coups de leur conjoint ou ex. C'est le chiffre le plus bas depuis quinze ans avec, pourtant, deux confinements pendant l'année. Baisse des homicides de 28%, mais aussi des tentatives d'homicides (238 au lieu de 268) par rapport à 2019, année noire, où 146 féminicides avaient été recensés.
Darmanin « Priorité aux plaintes pour violences conjugales » (Une Le Parisien) pic.twitter.com/zqO9VuMQVY
— Gilles Klein (@GillesKLEIN) August 2, 2021
Les violences intrafamiliales sont en train de devenir le premier motif d'intervention des policiers et gendarmes.
Gérald Darmanin, ministre français de l'Intérieur
Malgré les améliorations, poursuit Gérald Darmanin, "le nombre d'interventions de la police et de la gendarmerie pour violences intra familiales reste très élevé : plus de 400 000, soit 45 interventions par heure... Il ne se passe pas une journée sans que le GIGN ou le Raid aille libérer une femme ou des enfants pris en otage..." Le ministre note que les violences intrafamiliales "sont en train de devenir le premier motif d'intervention des policiers et gendarmes".
(Re)voir notre article ► Féminicides par compagnons ou ex : une page Facebook pour recenser les meurtres de femmes
Gérald Darmanin tire les leçons du féminicide de Mérignac, le 4 mai 2021, particulièrement atroce, pour lequel il avait demandé une mission d'inspection. Cette mission avait conclu dans son rapport à une multitude de manquements qui avait conduit à ce que Chahinez, 31 ans, soit brûlée vive dans la rue par son ex-conjoint, après qu'il lui avait tiré dans les jambes pour la faire tomber.
Gérald Darmanin avait demandé à la mission d'inspection un nouveau rapport pour identifier les responsabilités. Le rapport remis la semaine dernière au Premier ministre n'a pas été rendu public, alors que le Canard enchaîné révélait qu'un policier ayant pris une des plaintes de Chahinez avait été lui-même condamné pour violences conjugales et était en attente d'un passage en conseil de discipline.
On ne verrait pas un ripou condamné être affecté à la BRI, mais un policier condamné pour violences conjugales continuait d'enregistrer des plaintes, dont celle d'au moins une femme battue ... puis qui sera brûlée vive, s'agissant de Chahinez Daoud.
— Nina Zam (@NinaZamParis) July 22, 2021
(via Le Canard Enchaîné) pic.twitter.com/5sGY6Kfkmv
Le ministre qualifie cette situation d'"inacceptable". Il annonce avoir demandé au patron de la police nationale de saisir l'IGPN, la "police des polices", qui devra remettre son rapport dans 6 semaines. Le ministre demande en outre que les conseils de discipline se réunissent "sous trois mois maximum" dans ce type de cas et que le policier concerné ne soit "plus en contact du public" dans l'attente d'une décision du conseil.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin annonce le traitement prioritaire des plaintes pour violences conjugales et la désignation d'un officier spécialisé dans ces violences dans chaque commissariat et chaque brigade de gendarmerie. Dès la fin août, un responsable national sera nommé auprès du Directeur général de la police nationale (DGPN), du Directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) et du préfet de police "sur le modèle de ce qui existe en matière de terrorisme et de drogue". Enfin, pour briser le silence qui entoure souvent ces drames, une application est en développement pour permettre à tous les témoins de violences conjugales de les signaler.
Dans une interview accordée à @le_Parisien, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, annonce la mise en place de nouvelles mesures contre les violences conjugales. Le ministre souhaite que ces plaintes soient la priorité des policiers. Une application est en création. pic.twitter.com/byzTLadSkA
— AJ+ français (@ajplusfrancais) August 2, 2021
Un tiers des femmes étant tuées par arme à feu, le ministre souhaite que le fichier des personnes mises en cause pour violences intra conjugales soit connecté à ceux des possesseurs d'armes et d'interdits de port, et que les forces de l'ordre les consultent "systématiquement". "Cela permettra, dit-il, de vérifier si un mis en cause" pour de tels faits de violences "est détenteur d'une arme et donc de la lui retirer, sans même le témoignage de sa conjointe".
Pour assurer un meilleur suivi de ces situations, le ministre met l'accent sur la consigne donnée aux policiers et gendarmes de faire "un signalement au procureur", l'objectif étant que "100% des constatations se transforment en plainte ou signalement". Pour faire face à un nombre accru des procédures (193 000 en 2020), Gérald Darmanin promet de favoriser le recrutement d'officiers de police judiciaire.
En outre, le ministre souhaite que dans chaque département, il y ait "des équipes spécialisées dans la lutte contre les violences conjugales", comme des brigades de protection des familles en zone police ou des maisons de protection des familles en zone gendarmerie.
Près d'une femme sur cinq, parmi les 102 qui ont perdu la vie en 2020 en France sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, avait porté plainte contre lui pour des violences. David Le Bars, secrétaire général du SCPN, le Syndicat des Commissaires de la Police Nationale, a réagi au micro de franceinfo : "Il n'est pas acceptable que des femmes qui sont déjà allées dans des services de police ou de gendarmerie ne voient pas leurs plaintes traitées et leur cas réglé, dit David Le Bars. "Il existe des marges de progression très importantes" dans la lutte contre les féminicides, reconnaît-il, mais "cela exige des moyens".
35 % des féminicides sont survenus alors que les victimes avaient déjà subi des violences, qu'elles soient physiques, psychologiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint.
18% du total des victimes avaient déposé plainte après ces faits.
86% des faits se sont déroulés au domicile, de la victime ou de l'auteur.
24% ont lieu dans le contexte d'une séparation non acceptée.
Dans 52% des cas, de l'alcool, des stupéfiants ou des médicaments psychotropes ont été consommées par l'auteur ou sa victime.
82% des auteurs sont des hommes de nationalité française
43% des agresseurs sont âgés de 30 à 49 ans et 22% de plus de 70 ans
66% des auteurs sont sans emploi ou retraités
40% des femmes décédées sont de 30 à 49 ans et 21% ont plus de 70 ans.
Pour les victimes âgées (16% ont plus de 80 ans), la maladie et la vieillesse sont la cause principale du passage à l'acte.
Venant d'un ministre de l'Intérieur lui-même sous le coup d'une accusation de viol, les propositions de Gérald Darmanin n'ont pas manqué de faire réagir.
Immonde #Darmanin abuseur sexuel ( des femmes ont porté plainte contre toi ! ) tes mesures sont un paravent à ton ignominie !! #darmanindemission !! pic.twitter.com/pIUSus6iNx
— Voltuan-Redde (@Voltuan) August 2, 2021
On découvre d’abord dans l'interview de @GDarmanin que le traitement des plaintes pour violences conjugales devient prioritaire.
— #NousToutes (@NousToutesOrg) August 2, 2021
Il ne l'était donc pas jusque là ?
A quoi a donc servi la soi-disant « grande cause du quinquennat » de @EmmanuelMacron ?
Le 20 novembre, nous serons dans la rue pour dénoncer l'absence de politiques publiques à la hauteur contre les violences sexistes et sexuelles.
— #NousToutes (@NousToutesOrg) August 2, 2021
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