Les Saoudiennes autorisées à conserver leur contrat de mariage: quelle avancée ?
Les femmes saoudiennes ont obtenu, ce lundi 2 mai, le droit de conserver une copie de leur contrat de mariage. Jusqu’alors, ce privilège revenait exclusivement aux maris. Une réelle avancée pour cette monarchie ultra-conservatrice ? Eléments de réponse avec Slimane Zeghidour, spécialiste du monde Arabe.
Un pas vers la reconnaissance des droits des femmes en Arabie saoudite, où les femmes ont très peu de droits ? Une directive publiée, ce lundi 2 mai, par le ministre saoudien de la Justice, Walid al-Samaani, autorise désormais aux femmes l’accès à leur contrat de mariage, au même titre que leur mari. Les religieux qui enregistrent ces contrats en Arabie saoudite doivent fournir une copie à l'épouse "pour lui permettre de prendre connaissance de ses droits et des termes du contrat". La décision a pour finalité de "protéger les droits de la femme", a indiqué le ministère dans un communiqué.
En Arabie saoudite, le contrat de mariage énonce les volontés de la femme. Son tuteur – un homme adulte de sa famille, toujours – les formule pour elle dans le contrat. Il peut être demandé que la femme reprenne sa dote en cas de divorce, qu’elle conserve son propre compte bancaire, ou l’interdiction pour son mari d’avoir une deuxième épouse. Libre au fiancé d'accepter les clauses, ou non. Dans tous les cas, un arbitrage est nécessaire pour établir la version finale du contrat de mariage. Mais tant qu'elles n'y avaient pas accès, difficile pour les femmes de faire appliquer les termes du contrat !
Tout ce qui est inscrit dans ce contrat de mariage peut désormais être opposable par l'épouse à son mari en cas de litige devant les tribunaux, afin qu’elle obtienne gain de cause. Pour Slimane Zeghidour, "c’est un progrès significatif dans le contexte local...Jusqu’ici, puisque lui seul gardait le contrat de mariage, le mari pouvait dire ce qu’il voulait" poursuit-il. Maintenant que la femme est en mesure de présenter le document, "il s’agit d’un véritable garde-fou contre les abus de l'époux" conclut Slimane Zeghidour.
La monarchie saoudienne ultra-conservatrice est régie par une version rigoriste de l'islam, où les droits des femmes ne sont que très peu reconnus. L'Arabie saoudite est ainsi le seul pays au monde qui interdit aux femmes de conduire. Le fils du roi Salmane, le prince Mohammed, estimait fin avril que seule la société saoudienne, et non le gouvernement, pouvait décider si les femmes peuvent prendre le volant. "A ce jour, la société n'est pas convaincue (...), mais nous insistons sur le fait que cette décision revient à la société saoudienne" a-t-il déclaré, soutenant que le changement ne peut s'opérer par la force. Les femmes doivent également obtenir l'accord de leur tuteur pour travailler, voyager ou se marier.