Résistance sur les réseaux sociaux
Ce fut la déclaration de trop avant la présidentielle : "L'homme doit être moral, la femme aussi, elle doit savoir ce qui est décent et ce qui ne l'est pas. Elle ne doit pas rire fort devant tout le monde, doit absolument garder sa décence à tout moment". Bülent Arinç, vice-Premier ministre turc, est l'auteur de ces
propos sexistes (vidéo en turc) prononcés le 28 juillet lors d'un déplacement à Bursa. Des propos qui ont provoqué la colère de ses concitoyennes. Dans ce pays musulman, mais de tradition et de Constitution laïques, la réaction a été immédiate. Elles ont choisi l'humour, et surtout les réseaux sociaux - une arme peu appréciée par le gouvernement conservateur de Recep Tayyip Erdogan. Des photos de femmes éclatant de rire accompagnées du hashtag (mot-dièse)
#direnkahkaha ("rire de résistance") et
#direndirek ("barre de résistance") ont inondé Twitter, Facebook ou Instagram.
Certaines ont posté des photos d'elles-mêmes, armées d'un simple sourire ou d'un rire à gorge déployée. D'autres ont détourné avec humour les photos de personnalités publiques. Parmi elles, celle d'Adile Nasit, comédienne turque des années 1960 connue pour son visage et son rire jovial, ou encore la photo d'
Emine Erdogan, épouse du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, riant en plein meeting politique. En signe de solidarité, des hommes ont suivi le mouvement, qui a dépassé en quelques jours les frontières turques.
De nombreuses femmes du monde entier ont apporté leur soutien aux Turques. Parmi elles, des personnalités artistiques comme Emma Watson. L'actrice britannique, et nouvelle ambassadrice d'ONU Femmes, a mis en ligne une photo d'elle éclatant de rire dans un lieu public - un tweet qu'elle a, depuis, supprimé. A l'étranger, les soutiens proviennent aussi des politiques. La commissaire européenne Neelie Kroes a tweeté : "#LOL. Je serai à Istanbul en septembre, et je rirai quand ça me chante, merci M. Arinc". En France, Sihem Souid, chargée de mission au ministère de la Justice, a signé dans
Le Point, une chronique cinglante à l'égard des déclarations du vice-Premier ministre.