Fil d'Ariane
La charge mentale ne fait pas de pause estivale, en tout cas pas chez les femmes. C'est ce que montre une enquête menée sur 2000 personnes en France. 70% des femmes interrogées se déclarent fatiguées à l'issue de leurs congés contre 57% des hommes.
Pourquoi les vacances et la rentrée sont-elles synonymes de stress et de fatigue chez les femmes plus que chez les hommes ? Réponse dans une étude menée par l'ifop.
Une Barbie en "pls" sur le sable d'une plage... Voilà sans doute une image qui ne figure pas dans le film à succès qui secoue la planète féministe depuis quelques semaines. Et pourtant, derrière la figure de femme -mère- "modèle", se cache un constat non sans conséquences... Les vacances ne sont pas de tout repos, et encore moins pour les femmes que pour les hommes...
C'est ce que met en lumière cette étude Ifop - pour le site Bons plans Voyage NewYork -, le partage inégalitaire des corvées domestiques observé toute l’année ne disparait pas comme par magie pendant les congés d'été. Résultat : nombre de femmes entament septembre dans un état physique et psychologique plus dégradé que leur conjoint.
Les femmes qui achèvent leurs congés sont beaucoup plus « fatiguées » (70%) que les hommes (57%). A la fin de cette période pourtant associée à la détente, les femmes en couple se disent aussi plus « stressées » (53%) que les hommes (39%).
Et leurs conjoints sont parfaitement conscients de cette situation ! Parmi les couples partis avec leurs enfants, les hommes sont deux fois plus nombreux (56%) que les femmes (28%) à reconnaitre qu’ils se sont plus reposés que leur conjointe durant les vacances.
Il est vrai que globalement, les femmes (66%) ont plus de difficultés que les hommes (52%) à se reposer durant ses congés, notamment dans les milieux populaires mais aussi dans les couples où la femme assume l’essentiel du travail domestique.
Cette fatigue féminine est à lier au fait que les femmes parties en couple cet été ont assumé beaucoup plus de travail domestique que leur conjoint : 53% des femmes déclarent s’être plus chargées des tâches du foyer que leur conjoint durant leurs vacances, contre 39% qui en ont fait « à peu près autant » et 8% « moins » que lui.
Cette iniquité vacancière entre les sexes empêche nombre de femmes de recharger les batteries comme elles le devraient. François Kraus, directeur Ifop du pôle "Genre et sexualité"
Pour François Kraus, directeur du pôle "Genre et sexualité" à l'ifop, “Cette enquête montre bien que les femmes ne sont jamais autant en vacances que les hommes puisque durant cette période, elles subissent toujours l’inégale répartition des tâches domestiques vécue le reste de l’année. Or, cette iniquité vacancière entre les sexes empêche nombre de femmes de « recharger les batteries » comme elles le devraient, et encore plus lorsqu’elles ne peuvent pas déléguer la gestion de la vie de famille estivale à une tierce personne."
La surcharge féminine de travail domestique se retrouve dans toutes les tâches liées à la gestion du séjour au quotidien. Par exemple, le lavage du linge a incombé très nettement aux femmes (69% contre 11% des hommes), tout comme la préparation du plat principal (48%, contre 28% des hommes). Seule exception : la cuisson des aliments au barbecue qui reste l’apanage de la gent masculine (à 51%, contre 25% des femmes).
Mais c’est chez les couples partis en congés avec des enfants que l’inégale répartition des tâches parentales entre les sexes est la plus criante. Effectivement, dans ce type de couples, ce sont les femmes qui se massivement chargées de faire leurs valises (71%, contre 12% des pères), de l’entretien quotidien de leur linge (72%, contre 13%) ou de préparer leurs repas en cas d’activités extérieures (53%, contre 17%).
Appréhender les vacances sous le prisme du genre permet de montrer que la trêve estivale ne remet pas en cause les modèles conjugaux et familiaux inégalitaires, voir même qu’elle les aggrave. François Kraus
"Cette dévolution passéiste de l'organisation des vacances aux femmes repose sur une vision indéniablement conservatrice de leur temps libre et une injonction sociale très forte : faire passer le bien-être de leur famille avant leurs propres besoins… , ajoute François Kraus, En ce sens, appréhender les vacances sous le prisme du genre permet de montrer que la trêve estivale ne remet pas en cause les modèles conjugaux et familiaux inégalitaires, voir même qu’elle les aggrave."
La différence de stress entre les sexes est, elle aussi, à mettre en perspective avec les « soucis de la rentrée » : la perspective d’un retour à la vie quotidienne et à ses problèmes constitue une source de préoccupation beaucoup plus lourde pour la gent féminine (60%) que masculine (47%).
Comme le montre l'enquête, l’essentiel des tâches liées au retour à la vie quotidienne est géré par les femmes. C'est le cas de la gestion de la valise du retour (réalisée par 65% des femmes), du nettoyage du linge à la maison (mené par 74% des femmes) mais aussi de l’achat des fournitures scolaires (géré à 64% par les femmes).
Mais le stress de rentrée n’est pas seulement lié à une situation de « burn-out domestique ». Il est aussi à relier au fait que les vacanciers sont nombreux à finir l'été dans une situation de stress financier : 28% se retrouvent avec moins de 100 € sur leur compte bancaire, 9% sont même à découvert.
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