Les veuves noires, épines mortelles dans le pied de la Russie

D'un attentat meurtrier à l'autre en Russie, comme celui de ce 29 décembre à Volgograd, elles occupent avec une prégnance accentuée le paysage médiatique russe : les veuves noires agissent à Moscou, à Volgograd, dans les Républiques caucasiennes, ou ailleurs. La plupart d'entre elles sont russes, mariées à des combattants indépendantistes, tués, disparus, torturés ou incarcérés. Les unions mixtes sont légion en Russie et dans les Républiques autonomes. Elles représentent aujourd'hui un talon d'Achille du pouvoir fédéral. Et s'inscrivent peut-être dans une tradition de terrorisme russe où les femmes sont parties prenantes de très longue date.
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Les veuves noires, épines mortelles dans le pied de la Russie
Oksana Aslanov, la kamikaze suspectée d'être à l'origine de l'attentat kamikaze du 29 décembre.
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Elles sont apparues en pleine lumière médiatique à l'occasion de la prise d'otages dans l'un des plus grands théâtres moscovites, celui de la Doubrovka où se jouait la comédie musicale Nord/Ost, voilà déjà plus de 10 ans, en octobre 2002, et qui se solda par un carnage, aussi bien du côté du public que de celui des kamikazes (près de cent morts). On les a vues aussi parmi les preneurs d'otages dans une école de Beslan en Ossétie du Bord (Caucase) en septembre 2004, qui se termina également par un parterre de morts, (près de 350 tués dont de nombreux enfants).

Ces militantes sont russes pour la plupart, mariées à des combattants indépendantistes du Daghestan ou de Tchétchénie, des régions où les mariages mixtes sont fréquents (mais aussi à Moscou) tant Russes et Caucasiens sont étroitement liés par l'histoire, même conflictuelle. Contrairement à la France qui plaça au sommet de ses colonies des Français, l'Empire russe puis soviétique installa pour diriger les lointaines régions des notables du cru, tandis que des élites autochtones intégraient le pouvoir central (ou les mafias...). Les Russes partirent nombreux aussi dans ce "far-east soviétique" prometteur, et des minorités de 40% de Russes composent aujourd'hui les populations caucasiennes.

La kamikaze était une "break danseuse"

En août 2012, une femme se faisait exploser devant le domicile d'un dignitaire religieux jugé trop modéré par les extrémistes daghestanais. Celle-là était, ancienne vedette de hip hop, et surtout russe, tout comme Oksana Aslovna qui s'est transformée en bombe humaine ce 29 décembre, dans un trolleybus de Volgograd, loin au Sud de Moscou et au Nord Ouest de Sotchi, là où tous les regards convergeront lors des JO d'hiver prochains, en février 2014.

Volgograd, ville mythique pour les Russes, l'ancienne Stalingrad de la bataille qui inversa le cours de la Seconde guerre mondiale, là où le fleuve est si large qu’on ne voit pas l’autre rive, non loin (à l'échelle russe) de Saratov, là où, au XIXème siècle, naquit et vécut le philosophe Nikolaï Gavrilevitch Tchernichevsky, celui-là même dont se réclamèrent des cohortes de « terroristes » au XIXème siècle, dont beaucoup de femmes, en guerre alors contre l’absolutisme du Tsar.

Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les femmes composaient la moitié des terroristes qui combattaient par de la violence ciblée le tsar et ses serviteurs. Vera Figner, Vera Zassoulitch ou Olga Loubatovitch firent ainsi exploser des bombes contre des représentants du régime, mais aussi contre le souverain lui même.
 

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30.12.2013
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