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Assise, face à sa conseillère, une jeune fille a pris son courage à deux mains pour finalement raconter, ce qui lui est arrivé.
Plusieurs années après son viol, elle ne peut pas oublier.
"Je suis mal à l'aise tout le temps", dit-elle. "Je suis malade psychiquement, je suis devenue très sensible et fragile" affirme t-elle avec un débit de paroles plutôt hésitant.
Pour elle, son violeur n'a pas été puni assez sévérement. Il pourrait sortir dans trois ans
"La peine de mort c'est déjà peu pour lui ! Je souffre je n'arrive pas à dormir, mon niveau scolaire a baissé, je n'arrive plus à me concentrer, je me suis isolée de ma famille et mes amis..."
Des témoignages comme celui-là, l'avocate de cette cellule d'écoute en entend souvent. Son opinion est faite sur la question.
"Personnellement je pense que seule l'exécution de la peine de mort peut diminuer le nombre de ces crimes", soutient Bouthayna Balti. Celle qui est la représentante légale de l'Union nationale de la Femme Tunisienne renchérit : "Nous avons besoin d'appliquer les lois qui existent déjà pour dissuader les personnes de passer à l'acte".
En Tunisie, après une nouvelle affaire sordide sortie récemment dans l'est du pays, la réflexion sur la peine de mort est relancée.
Cette peine capitale existe dans la loi tunisienne, mais cela fait 27 ans qu'elle n'est pas appliquée. Pourtant, des condamnations à mort sont toujours prononcées, en particulier pour des cas de terrorisme.
Quand une affaire de mœurs agite la société tunisienne, les réactions émotionnelles reviennent vite, et le débat s'échauffe à nouveau dans les rues du pays mais aussi dans les salles de réunion.
L'Union Nationale de la Femme Tunisienne doit décider d'une position claire sur ce point. Sa présidente est contre sur le principe, mais pour, quand il s'agit de viols sur des mineures.
"Quand il s'agit d'enfants en bas âge, elles ne comprennent absolument rien et on peut parler d'une 'mort fictive'"souligne Radhia Jerbi. La Présidente de l'Union Nationale de la Femme Tunisienne estime que le fait pour les femmes d'être "palpées" ou "touchées" justifie selon elle, le "recours à la peine de mort".
Le Parlement tunisien avait pourtant voté le 26 juillet 2017 une loi visant à en finir avec les violences faites aux femmes. Tandis qu'un rapport d'une commission des libertés individuelles préconisait en juin 2018 l'abolition de la peine de mort. Un document qui a été violemment attaqué par les milieux conservateurs du pays.