Fil d'Ariane
Anahita Ghabaian invite à regarder l’Iran à travers l’objectif des femmes, dans un contexte où les femmes y revendiquent leurs droits avec détermination et courage. Engagement et poésie sont les maîtres mots du recueil de photographie Espace vital, femmes photographes iraniennes.
C'est un livre qui nous invite à découvrir la société iranienne à travers l'objectif de 23 femmes de trois générations différentes. Espace Vital, femmes photographes iraniennes est signé Anahita Ghabaian Etehadieh, spécialiste de la photographie iranienne et fondatrice de Silk Road, à Téhéran, première galerie consacrée exclusivement à la photographie.
La photographie est un art jeune en Iran, où elle n'est pas tout à fait intégrée au domaine de l'art. Peu à peu, toutefois, elle ouvre sa voie, comme l'explique Anahita Ghabaian Etehadieh : "La photographie n'est pas complètement acceptée comme de l'art, mais de plus en plus de photographes la pratiquent, elle est enseignée à l'université et existe dans différentes collections, en Iran et à l'étranger."
La guerre entre l'Iran et l'Irak, entre 1980 et 1988, a beaucoup marqué les Iraniens. Elle reste un sujet omniprésent, comme le montre l'oeuvre de Gohar Dashit qui représente un couple attablé devant un tank. "On parle encore beaucoup de la guerre, surtout d'un point de vue féminin. Gohar Dashit raconte dans cette série de quelle manière la vie peut continuer alors qu'une gerre fait rage. La guerre, c'est la tragédie, la douleur, mais à côté, la vie continue. Au quotidien, on mange ensemble, on célèbre un anniversaire..."
Prises en 2006, les photos de Yalda Moaiery illustrent la pression exercée sur les femmes en Iran. L'une d'elles montre deux femmes arrêtées par une officière de police pour n'avoir pas porté correctement le hijab. "Cette police des moeurs est active depuis 2006, explique Anahita Ghabaian Etehadieh. Tout de suite, Yalda Moaiery a demandé l'autorisation de suivre les policiers et les policières à l'oeuvre. Selon la loi, les femmes n'ont pas le droit de porter des habits ajustés ou de mal porter le voile. On ne sait pas ce qui va se passer pour ces deux femmes, mais c'est une scène hélas très courante."
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