Tout oppose partisans et ennemis de la burqa, tout, sauf un point, essentiel : les uns et les autres sont d’accord sur le fait qu’il s’agirait d’une obligation canonique. Les uns, croyants sincères, rigoristes ou carrément intégristes militants, y voient l’expression d’une foi qui anoblit la croyante, l’affranchit du regard concupiscent du mâle. Les autres, féministes convaincus, laïques de bonne foi et, parfois, islamophobes indubitables, y décèlent, eux, la bannière d’un islam obscurantiste.
Qu’en dit le Coran, “parole de Dieu” et source du droit islamique ? Peu de choses, plutôt évasives. Un décalage saute aux yeux : le poids écrasant de la question du voile au sein de la société et le peu de place qu’elle occupe dans le corpus des Ecritures. Le Livre d’Allah qui ne comporte pas moins de 6219 versets n’en consacre pas plus de… deux (33, 53; 34,31) à la question du voile féminin. Qui plus est des textes trop laconiques et pas assez explicites pour donner une idée pratique de la taille, de la forme ou de la manière de porter le “hijab”, le voile voué à préserver la pudeur de la croyante.
Un flou qui a laissé libre cours à autant de versions de voiles que de pays d’islam, d’us et de coutumes et de… coquetterie : hijab, jilbab, tchadri, haïk, niqab, tarha, tchador, kichali, tudung, ibadou… Seule la burqa, apanage des tribus pachtounes du Pakistan et de l’Afghanistan, enveloppe totalement la femme. Imposé par les talibans – un décret royal afghan de 1959 l’avait rendu facultatif - il a été adopté ces vingt dernières années par les intégristes de tous poils bien au-delà de l’Afghanistan et jusqu’en Europe en passant par le Proche-Orient.