Fil d'Ariane
« L’équipe saoudienne féminine de basket-ball “Jeddah United“ craignait d’affronter en match amical le Paris Université Club (PUC) » confie Lina Almaeena, Saoudienne de 42 ans, fondatrice de l’équipe de basket-ball Jeddah United. Son voile laisse apparaître ses cheveux blonds. « D'ailleurs, les joueuses du PUC ont été très surprises d’apprendre qu'elles affrontaient des Saoudiennes.» ajoute Lina Almaeena .
La société saoudienne évolue, pas par choix, mais par nécessité
Lina Almaeena Fondatrice de Jeddah United et membre de la Choura
L’équipe féminine de basket-ball Jeddah United s'emploie à changer l'image des Saoudiennes à l'étranger. La pratique sportive en général, reste confidentielle dans le royaume, plus particulièrement chez les femmes.
Lina Almaeena, se définit comme une « humaniste », non comme une «féministe», et ne se défait pas de son optimisme quant à l’évolution positive de la condition des femmes dans son pays.
La Saoudienne s'évertue également à développer le sport dans son pays qu'elle qualifie de «jeune», unifié depuis 1932 lors de l'intégration des institutions du royaume.
Depuis le 11 janvier 2013, les femmes peuvent intégrer la Choura grâce à un décret émis par le roi Abdullah bin Abdulaziz.
« La société saoudienne évolue, pas par choix, mais par nécessité. Quand j’ai fondé le club de sport Jeddah United , le sport pour les filles n’était pas très populaire. Le 25 avril 2017, la Choura s'est prononcée sur l'ouverture de départements sportifs en Arabie Saoudite. 13% de la société civile (hommes et femmes compris) pratique un sport. Le gouvernement voudrait augmenter ce pourcentage à 40% en 2030 » explique Lina Almaeena. La pratique sportive seulement autorisée dans les écoles privées, est réglementée depuis mai 2013 dans le pays. Malgré une recommandation de la Choura, le sport reste prohibé dans les écoles publiques pour les filles. Lina Almaeena espère que dans un futur proche cela ne sera plus le cas. Une loi dans ce sens est actuellement à l'étude. Lors d'un vote cette semaine, il a manqué 3 voix pour qu'elle soit adoptée.
Notre équipe évolue et cette évolution symbolise le changement de l’Arabie Saoudite
Lina Almaeena Fondatrice de Jeddah United et membre de la Choura
En avril 2016, le vice-prince héritier Mohammed Ben Salmane publie un plan de réformes de l’économie saoudienne, « La vision 2030 » qui devrait ouvrir une nouvelle ère pour les femmes en Arabie Saoudite. Selon Lina Almaeena ce projet prévoit d'augmenter la population active féminine de 20 à 30%. Il envisage également d'ouvrir des postes destinés aux femmes dans différents secteurs d'activités comme le sport.
Selon elle, « le sport est une force» et devrait faire partie de la vie de chaque femme.
« Début 2000, Quand j’ai fini mes études à l’université, j’ai accouché de ma première fille. J’ai souffert d’une dépression post-natale. Je voulais faire quelque chose pour aller mieux. J’aime le sport, alors je me suis remise au basket-ball. Je suis devenue « une autre personne » : heureuse à nouveau. En 2006, à mon retour des Etats-Unis, j'ai cherché une équipe de basket féminine avec laquelle jouer, ce qui n'existait pas à l'époque. Tout le monde m'a dit que je n'obtiendrais pas de licence. j'ai alors déposé une licence pour une entreprise de coaching sportif et de formation qui a été acceptée. C'est devenu ensuite une société dans laquelle filles et garçons pouvaient jouer au basket-ball.
« Notre équipe a perdu en 2007 à Huwei (Taiwan), pareil en 2009 en Jordanie, et en 2011 en Malaisie. L’année dernière, on a gagné face à l’équipe nationale des Maldives. Cette année l’équipe française, notre adversaire, s’est réjouie de notre victoire. C’est un rêve, on n’a jamais pensé gagner contre une équipe française. Elles sont reconnues pour leur bon niveau de jeu. Cela veut dire que les choses changent. On doit continuer à s’entrainer. Notre démarche à un sens. Notre équipe évolue et cette évolution symbolise le changement de l’Arabie Saoudite.»
Les Saoudiennes qui ont obtenu le droit de vote en décembre 2015 commencent à peine à investir la sphère publique.