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- L'Irlande vers le droit à l'avortement ?
En Irlande l'IVG est interdite, sauf en cas de menace pour la vie de la mère,par le 8ème amendement inscrit dans la Constitution du pays depuis 1983 qui ne peut être modifié que par un référendum. Et ce référendum est donc fixé pour la fin du mois de mai 2018. Le scrutin aura lieu un peu plus de deux mois avant une visite du pape François sur l'île en août.
C'est à l'avant veille de la Journée internationale pour le droit à l'avortement, l'Irlande l'un des pays européens à maintenir une législation très restrictive de l'interruption volontaire de grossesse, que le gouvernement avait annoncé le mardi 26 septembre 2017 un référendum sur ce sujet très discuté dans un pays très catholique .
Mais les sensibilités évoluent : selon le dernier sondage Ipsos/MRBI pour le quotidien Irish Times, publié vendredi 26 janvier 2018, 56% des personnes interrogées se disaient en faveur de la possibilité d'avoir accès à l'IVG jusqu'à 12 semaines de grossesse et 29% contre.
"Le gouvernement s'est mis d'accord sur un programme de référendums portant sur des amendements constitutionnels", dont un "referendum sur le huitième amendement, en mai ou juin 2018".
Le huitième amendement garantit "le droit à la vie" de l'embryon, en tenant compte du "droit égal à la vie de la mère".
Le Premier ministre Leo Varadkar, arrivé au pouvoir en juin, avait jugé cette loi "trop restrictive".
L'avortement a toujours été illégal en Irlande, mais son interdiction n'a été insérée dans la constitution qu'en 1983, après avoir recueilli 67% des suffrages lors d'un précédent référendum.
A retrouver dans Terriennes, le non droit à l'avortement en Irlande :
> Irlande : mourir d'un refus d'avortement
> Irlande : une jeune immigrée forcée à donner la vie
> Amnesty pousse l’Irlande à dépénaliser l’avortement
En 2013, l’Irlande a quitté le cercle très restreint des pays européens où l'avortement est totalement interdit, mais ne l'autorise qu'en cas de danger pour la mère. Le viol, l'inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d'avorter, et une telle intervention constitue un crime passible d'une peine de 14 ans de prison.
Des milliers d'Irlandaises se rendent ainsi chaque année à l'étranger, principalement au Royaume-Uni, pour réaliser un avortement légalement.
Le vote aura lieu quelques semaines avant la visite du pape François en Irlande à l'occasion de la Rencontre mondiale des familles, prévue en août 2018 à Dublin.
Cette annonce survient alors qu'une manifestation est organisée samedi 30 septembre 2017 à Dublin pour demander la légalisation de l'avortement. Le 20 septembre, des militantes pro-avortement avaient déjà défilé devant le Parlement irlandais.
Le gouvernement a également annoncé la tenue d'autres référendums en 2018 et 2019. Un vote sur l'interdiction du blasphème, établie par l'article 40.6.1 de la constitution, est prévu en octobre 2018.
Un autre référendum pourrait avoir lieu en même temps, pour décider du sort de l'article 41.2.1, qui stipule que la place de la femme est au foyer.
L'annonce de ce vote a été saluée par tous les défenseurs des droits des femmes, d'autant plus que quelques heures plus tard, une autre bonne nouvelle allait dans le sens de plus d'équité entre les sexes : les Saoudiennes pourront bientôt conduire en toute légalité. Ce que salue une tweeteuse à sa façon : "Aujourd'hui deux bonnes nouvelles vers l'égalité : un vote pour l'avortement en Irlande et le droit de conduire pour les Saoudiennes !" Et tandis qu'une autre demandait de ne sutout pas relêcher la pression : "La Pologne à la suite s'il vous plaît !"
Poland next, please! Ireland to hold abortion referendum weeks before pope's visit https://t.co/OZ4jp6qA4W
— Ania Ostrowska (@ostrutka) 26 septembre 2017
Today we are moving forwards towards #Equality - #Women2Drive in Saudi and putting the abortion ban to a vote in #Ireland ⚖️
— Michelle A. Nyberg (@michelleanyberg) 26 septembre 2017
L'avortement est autorisé, de façon plus ou moins restrictive, dans tous les pays de l'Union européenne, sauf Malte. Mais contrairement à la volonté des rédacteurs de la Charte des droits fondamentaux, il n'a pas été inscrit dans ce texte qui figure en préambule du traité constitutionnel européen, au grand dam des défenseur.es de ce droit fondamental des femmes à disposer de leur corps.
La majorité des pays membres de l'UE autorisent l'avortement jusqu'à 10 ou 12 semaines de grossesse (France, Belgique, Danemark, Finlande, Grèce, Hongrie, Luxembourg et Portugal notamment) et jusqu'à 24 semaines aux Pays-Bas ainsi qu'au Royaume-Uni. La Suède l'autorise jusqu'à 18 semaines.
Parmi les pays de tradition catholique, l'Italie autorise l'IVG jusqu'à trois mois pour raisons médicales ou sociales, raisons suffisamment vagues et larges pour inclure la plupart des cas.
En Espagne, en vertu d'une loi votée en 2010, les femmes peuvent avorter jusqu'à 14 semaines de grossesse. En septembre 2014, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a abandonné un projet de loi controversé qui interdisait l'avortement sauf dans quelques cas - risque vital pour la vie ou la santé de la mère, viol - et excluait les cas de malformation du foetus comme motif valable. A la place, l'exécutif a proposé une limitation de l'IVG pour les mineures, réforme adoptée en septembre 2015.
En 2013, l’Irlande a quitté le cercle très restreint des pays européens où l'avortement est totalement interdit, mais ne l'autorise que si la poursuite de la grossesse fait courir à la femme un "risque réel et substantiel" pour sa vie. Le viol, l'inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d'avorter, et une telle intervention constitue un crime passible d'une peine de 14 ans de prison. Le gouvernement a annoncé mardi la tenue d'un référendum sur l'avortement en mai ou juin 2018.
En Irlande du Nord également, la législation n'autorise les IVG qu'en cas de menace pour la vie de la mère. Le gouvernement britannique a annoncé en juin 2017 qu'il financerait désormais les frais d'avortement en Angleterre des Nord-Irlandaises.
En Pologne, l'avortement n'est permis qu'en cas de viol, d'inceste, de danger pour la vie de la mère ou de malformation irréversible du foetus. Dans les deux premiers cas, l'intervention est autorisée jusqu'à la 12e semaine, dans les deux autres jusqu'à la 24e semaine. A l'automne 2016, les conservateurs au pouvoir ont tenté de limiter ce droit en ne l'autorisant que si la vie de la mère était menacée, mais y ont finalement renoncé sous la pression de manifestations.
A Chypre, l'avortement est illégal et ne peut être pratiqué que si deux médecins certifient que la grossesse présente un risque pour la femme ou l'enfant à naître. Il est toléré en cas de viol et d'inceste.
L'IVG reste totalement illégale à Malte où, en cas d'infraction, la peine encourue va de 18 mois à trois ans de prison.
En dehors de l'UE, trois états européens sont dans le même cas : Andorre, le Vatican et Saint-Marin. Dans le reste du monde, c'est le cas d'une quinzaine de pays, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS): le Chili (malgré une légère ouverture), le Salvador, le Nicaragua, le Surinam, Haïti et la République dominicaine sur le continent américain, les Philippines et les îles Palaos en Asie, le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Gabon, le Congo, Madagascar, Djibouti et la Mauritanie en Afrique.