Back to top
Visé par deux plaintes, l'islamologue suisse Tariq Ramadan a été mis en examen le 2 février 2018 pour viol en 2012 et viol en 2009 sur une personne vulnérable, de source judiciaire.
Il avait été placé en garde à vue mercredi 31 janvier 2018 par les enquêteurs de la police judiciaire parisienne. L'islamologue de 55 ans a demandé que son placement en détention provisoire fasse l'objet d'un débat entre le juge des libertés et de la détention (JLD) et sa défense. Dans l'attente de ce débat qui doit avoir lieu dans les quatre jours, il a été incarcéré.
"Après une enquête minutieuse de trois mois, une garde à vue de 48 heures, une confrontation avec ma cliente qui a permis de confondre Tariq Ramadan sur certains points, on a franchi une étape importante avec cette double mise en examen", a commenté auprès de l'AFP Me Eric Morain, conseil de "Christelle", l'une des plaignantes.
Deux femmes accusent depuis octobre 2017 le théologien de les avoir violées en 2009 et en 2012. Henda Ayari est la première femme à avoir porté plainte contre Tariq Ramadan qu'elle accuse de viol. Elle est aussi la seule à témoigner à visage découvert contre l'intellectuel suisse, universitaire au Royaume Uni, polyglotte habitué des plateaux de télévision sur tous les continents, dont ceux de TV5MONDE.
Sur ce dossier, et sur les suivants, Tariq Ramadan ne s'est exprimé qu'avec parcimonie et par l'intermédiaire de son défenseur. Il l'a fait pour la première fois samedi 28 octobre 2017 sur un réseau social. Soit deux jours après une deuxième plainte déposée contre lui (la plaignante a choisi de garder l'anonymat). Son avocat a porté plainte pour "dénonciation calomnieuse".
L'islamologue et théologien suisse qui enseigne à l'Université d'Oxford se dit victime d'une campagne de calomnie. Sur la toile, ses partisans dénoncent un complot sionniste et accusent Henda Ayari de chercher à se faire de la publicité pour son livre autobiographique "J'ai choisi d'être libre" (Flammarion). Les détracteurs de Tariq Ramadan voient dans ces "révélations" ce qu'ils ont toujours dénoncé : un double discours.
C'est désormais à la justice de faire son travail. Comme le rappellent nombre de commentateurs, les réseaux sociaux qui se transforment en tribunaux populaires n'ont aucune légitimité judiciaire. Nous devrions nous souvenir de nombreuses affaires récentes où des accusé.e.s étaient jugés coupables d'agressions sexuelles par l'opinion publique avant leur procès, culpabilité démentie ensuite par les enquêtes et l'instruction...
Si en France cette affaire fait beaucoup de bruits, en Grande-Bretagne où il enseigne, elle est très peu relayée. Qu'en est-il en Suisse d'où Tariq Ramadan est originaire ? L'éclairage de notre correspondant à Genève, Michel Cerruti :