Lutte contre la malnutrition : pourquoi les femmes sont la solution

Plusieurs organisations non gouvernementales ont exhorté jeudi les dirigeants du G20, réunis à Cannes (France), à ne pas sacrifier l'aide au développement sous couvert des conséquences de la crise financière européenne et grecque. Sur le terrain, certaines ONG ont compris que la solution pour éradiquer la faim était de passer par les femmes. Rencontre avec Alix de Nicolay, présidente de Helen Keller International.
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Lutte contre la malnutrition : pourquoi les femmes sont la solution
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Lutte contre la malnutrition : pourquoi les femmes sont la solution
(©Helen Keller International)
Les femmes et les enfants sont les premières victimes de la malnutrition : ils représentent 60% de la population souffrant de la faim. Mettre la priorité vers les femmes et les enfants dans les programmes d'aides et de développement permettrait à la fois d'éviter le décès de millions d'enfants chaque année et d'émanciper les femmes. Dans les pays en développement, ce sont elles qui nourrissent la famille - elles sont responsables du foyer, donc des enfants, et de leur croissance. Les femmes représentent aussi 43% de la main d’œuvre agricole dans ces mêmes pays. Pour ces raisons, l'ONG Helen Keller International estime que les femmes sont le vecteur idéal pour lutter contre la malnutrition. Car "bien plus que le Produit National Brut (PNB)", la croissance et le développement des enfants sont pour sa directrice générale Alix de Nicolay "les meilleurs indicateurs du développement d'un pays."
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Lutter contre la malnutrition passe par lutter contre les inégalités hommes-femmes La difficulté, c'est que les femmes ont un accès plus restreint que les hommes aux avoirs, aux services et aux opportunités. Lutter contre la malnutrition passe donc par la lutte contre les inégalités entre les sexes. Mais quand ça fonctionne (comme ce programme de culture vivrière mené au Bangladesh par Helen Keller International depuis 20 ans) c'est une réussite nutritionnelle bien sûr, mais aussi une avancée sociétale.
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De la conception jusqu'à l'âge de deux ans, moment clé de la nutrition Selon le rapport 2010-2011 de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'Agriculture) sur l’état de l’alimentation et de l’agriculture, éradiquer ces inégalités permettrait de réduire de 100 à 150 millions le nombre de personnes souffrant de la faim. Des études ont également montré que les investissement dans le domaine de la nutrition des enfants de moins de deux ans peuvent augmenter le PIB (Produit Intérieur Brut) des pays d'au moins 2 ou 3%. Une période de croissance en particulier est essentielle : c'est ce qu'on appelle la "fenêtre d'opportunité de croissance". Elle va de la conception du bébé jusqu'à ses deux ans. Durant ces 33 mois, il faut être particulièrement vigilant côté nutrition pour éviter des séquelles irréversibles, comme l'explique Alix de Nicolay.
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Même s'il reste beaucoup à faire - et c'est pour cela que les ONG interpellent les dirigeants des pays du G20 (voir encadré ci-contre sur FeedinG20) - les bonnes nouvelles existent. Entre 1990 et 2008, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a diminué de 28%. Cela veut dire qu’au plan mondial, il meurt 10 000 tout-petits de moins chaque jour. Pour Alix de Nicolay, c'est la preuve que les actions menées sur le terrain, mais aussi les plaidoyers auprès des grands de ce monde et les conférences de presse servent à quelque chose...

Les ONG et le G20 2011

Les ONG et le G20 2011
Plusieurs grandes organisations humanitaires internationales (Action contre la Faim International, CARE International, Helen Keller International, Oxfam et World Vision International) se sont donc rassemblées au sein de la coalition FeedinG20. Leur but: proposer au G20, dans le cadre de son mandat, de nouvelles politiques efficaces dans la lutte contre l'insécurité alimentaire et la malnutrition.