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Le nerf de la guerre, encore et toujours. Lutter efficacement contre les violences faites aux femmes demande un financement à la hauteur du fléau, un fléau en hausse constante. La Fondation des Femmes estime qu'il faudrait un budget quinze fois supérieur à celui actuellement attribué par l'Etat à cette cause.
Manifestation à Marseille, dans le sud de la France, en 2021 contre les violences faites aux femmes. La Fondation des Femmes estime qu'il faudrait multiplier par 15 le budget actuel de l'Etat français pour lutter contre ces violences.
"Cinq ans après la première édition de ce rapport, où en est-on ?", interroge l'association Fondation des femmes sur son site internet.
"Plus de 3 millions de femmes déclarent des violences sexistes et sexuelles chaque année et les forces de sécurité en enregistrent près de 200 000. Ces chiffres suivent une tendance vertigineuse : +83% pour les violences conjugales entre 2018 et 2022 et +100% pour les violences sexuelles ces 10 dernières années, dont +33% entre 2020 et 2021", lit-on.
Entre 2,6 et 5,4 milliards d'euros sont nécessaires pour lutter contre les violences faites aux femmes, une somme nettement supérieure à celle actuellement dépensée par l'Etat, estime la Fondation des femmes dans un rapport publié ce 25 septembre.
184,4 millions d'euros dépensés en 2023 par l'Etat. Insuffisant. Il en faudrait tellement plus, selon la Fondation des Femmes qui, après avoir analysé des documents budgétaires publics, estime que "les besoins atteignent entre 2,6 à 5,4 milliards d'euros".
Ces besoins sont en hausse en raison de l'augmentation du nombre de femmes victimes qui dénoncent ces violences et du nombre de dispositifs d'accompagnement.
Pour parvenir à cette estimation globale, la Fondation des femmes a évalué le coût de chaque dispositif et l'a multiplié par le nombre de bénéficiaires potentielles. Elle a retenu une hypothèse basse du nombre de victimes, correspondant au nombre de femmes qui déclarent des violences aux forces de l'ordre, et une estimation haute, qui correspond au nombre de femmes déclarant des violences dans des enquêtes de victimation.
Dans le détail, entre 2,3 et 3,2 milliards d'euros devraient servir à lutter contre les violences conjugales. Cette somme permettrait notamment de renforcer les dispositifs d'accueil, d'orientation et d'accompagnement global ainsi que les places d'hébergement spécialisées.
A l'heure actuelle, le budget de l'Etat dans ce domaine a progressé de 44,9 millions depuis 2019 pour atteindre 171,7 millions d'euros, selon la Fondation des femmes. Toutefois, "cette augmentation en valeur absolue masque une baisse des dépenses par victime de violences conjugales", une somme passée de 1.310 euros à 967 euros.
"Un énorme effort est nécessaire sur les violences sexuelles, avec la nécessité de définir un cadre politique et de démultiplier le budget. Certains dispositifs sont particulièrement nécessaires : des centres d’aide d’urgence pour les victimes de violences sexuelles, en particulier de viols (100 millions d’euros, soit 29% du total en hypothèse basse), des cellules de signalement du harcèlement sexuel (il faudrait 36 millions d’euros, soit 10% du total en hypothèse basse) ainsi qu’une prise en charge spécialisée du psycho-traumatisme.", insiste l'association.
Un budget en légère augmentation depuis 2018 mais qui reste toujours dérisoire. Fondation des Femmes
Entre 344 millions et 2,2 milliards d'euros sont également nécessaires pour lutter contre les violences sexuelles qui se produisent en dehors du couple. En 2023, l'Etat aura dépensé 12,7 millions d'euros à cet effet, un budget "en légère augmentation depuis 2018 mais qui reste toujours dérisoire".
De nombreuses associations ne parviennent pas à répondre aux besoins des femmes et font face à des difficultés de financements, pointe la Fondation des femmes. Elle demande la mise en place de "financements pluriannuels" et d'une simplification des procédures de demande de subventions "avec un guichet unique à l'échelle de l'Etat". "Les associations devraient être reconnues comme partenaires de l’action publique selon une vision à plus long terme avec la mise en place de financements pluriannuels et l’arrêt des appels à projets, une simplification des procédures de demande de subventions avec un guichet unique à l’échelle de l’Etat, et plus généralement d’une reconnaissance de leur expertise et de leur professionnalisme", insiste la Fondation des Femmes.
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