Macholand.fr est le premier site d’action anti-sexistes en France. Lancé le 14 octobre dernier, il invite les internautes à épingler les marques, les organisations ou les personnalités publiques véhiculant des messages sexistes. Si une semaine après son ouverture, le site a déjà fait réagir plus de 7000 activistes, il est aussi l’objet de nombreuses critiques. Caroline de Haas, une des fondatrices, y répond.
Page d'accueil du site Macholand.fr. @Capture d'écran.
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« Face à la technologie on est tous un peu blonde », tel est le slogan de la dernière publicité Darty. C’est aussi un des événements qui ont conduit Caroline de Haas, fondatrice d’Osez le féminisme, tête de liste féministe aux élections européennes de 2014 , à s’associer avec Clara Gonzales et Elliot Lepers (auteures du site 343connards.fr) pour créer le site Macholand.fr.
« J’étais vraiment énervée par cette publicité, alors j’ai envoyé un tweet à Darty. Ils m’ont répondu : ‘on est désolé que vous ayez trouvé ça sexiste’, comme si c’était seulement un avis personnel. Mais non, c’est un fait, leur pub est sexiste », raconte Caroline de Haas.
Les militantes lancent donc Macholand.fr afin de « faire entendre la voix de citoyennes et de citoyens qui refusent de voir le sexisme s’étaler en masse sans réagir » et de « riposter de façon collective au sexisme ».
Chaque internaute est invité à participer en proposant des actions contre les enseignes, les personnalités politiques ou les organisations, qui délivrent des messages sexistes. Des actions 2.0 qui passent par des mails, des tweets, des messages facebook.
Récemment, c’est Gérard Collomb (maire de Lyon et sénateur PS), qui s’est fait reprendre par le site. Il déclarait dans l’Express à propos de l’ascension politique de Najat Vallaud Belkacem, nommée ministre de l'Education nationale le 26 août 2014 (qui fut conseillère municipale et générale socialiste dans la capitales des Gaules) : « C’est une communicante et une séductrice, mais elle doit se méfier des paillettes. [...] Je crois que François Hollande aime les jolies femmes. » Les internautes ont donc été invités à condamner ses propos en lui envoyant un maximum de tweets.
Macholand critiqué, détesté et même hacké
Une façon de faire, que certains ont jugé agressive, mais que récuse Caroline de Haas. « Chaque jour dans la rue, à la télé via les publicités, en lisant des magazines, on est assailli par des propos sexistes. Ca, c’est de l’agressivité ! »
Le magazine Marianne, reproche lui au site, son « féminisme caricatural » : ‘les femmes sont toujours des victimes et les hommes sont tous des connards'. « Il faut qu’ils lisent bien ce qui est écrit sur le site. En disant ‘les filles sont…’, ce sont eux qui créent des stéréotypes. Alors que nous, notre but, c’est juste de lutter contre », se défend encore l’ancienne conseillère de Najat Vallaud Belkacem, alors ministre des Droits des femmes.
Les attaques sur les réseaux sociaux, ont aussi été nombreuses. Une partie du site appelée « voix offs » en répertorie quelques unes dont des tweets très critiques.
Quelques jours après son lancement, le site a même été hacké, preuve pour Caroline de Haas, que « les peurs et les résistances à l’égalité femmes hommes dans la société sont encore vives ». Et les députés, porteurs d’une parole publique et normative, sont malheureusement, pour la fondatrice du site, les premiers à véhiculer des stéréotypes. « Ils discutent du harcèlement de rue dans les lois, et ils sifflent aussi les femmes à l’Assemblée».
Mais avec 10 actions en ligne, 7173 activistes, plus de 90 000 visites en 72h et environ 1000 mails ou tweets reçus par jour, le site a tout de même fait des adeptes et « répond à une attente, une demande de la société » pour leurs auteures. Ces dernières peuvent d’ailleurs se féliciter de quelques résultats probants suite aux actions menées. La fiche scolaire sexiste du site Exonet.fr destinée aux enfants de CP à été retirée et le leader de VTC (voitures de tourisme avec chauffeur) Uber associé à la société de mannequins appelée « avions de chasse » a retiré sa campagne avant même que le site ne lance la sienne. Mais pour Caroline de Haas, la vraie réussite sera « quand Macholand.fr n’aura plus besoin d’exister. »