Fil d'Ariane
Deux scientifiques en mission pour la sauvegarde de la mégafaune marine de Madagascar, Anjara Saloma, cétologue (à gauche) et Stella Diamant, apnéiste et biologiste (à droite).
En marge de l'UNOC 3, troisième conférence des Nations unies sur l'Océan, destination Madagascar à la rencontre de femmes engagées dans la sauvegarde de leur environnement marin. Les étoiles de l'océan, un film de la collection reportages de TV5monde.
Au nord-ouest de Madagascar, pour les habitants de l'archipel de Nosy Be, l'océan n'est pas qu'un voisin, c'est une richesse vitale. Le canal du Mozambique, aux eaux particulièrement poissonneuses, les nourrit depuis toujours. Avec une bassine et un filet comme seuls outils, deux générations de femmes rejoignent à pied ce milieu historiquement masculin.
Cette histoire est celle de femmes déterminées à s'unir pour protéger leurs plus précieuses ressources. C'est au large que l'avenir de la faune marine se joue, et elle est exceptionnelle dans cette région du monde.
Si cela peut inspirer d'autres jeunes femmes : on peut devenir ce qu'on a envie de devenir, notamment si elles veulent devenir scientifiques, biologistes ou astronautes, tout est possible. Anjara Saloma, cétologue, pdte Cetamada
Anjara Saloma a grandi sur les hautes terres au centre du pays, mais son cœur a fini par choisir l'océan. Pour vivre aux côtés des plus grands mammifères qu'elle étudie depuis plus de dix ans sur l'île Sainte-Marie. Son amour pour les baleines a fait d'elle la première cétologue de Madagascar, la première femme docteure en biologie marine du pays.
Son audace et sa détermination l'ont propulsée à la tête de l'association Cetamada. Elle y mène désormais ses recherches et son combat pour la protection de la mégafaune marine, entourée d'une nouvelle génération de femmes. "Si cela peut inspirer d'autres jeunes femmes : on peut devenir ce qu'on a envie de devenir et notamment si elles veulent devenir scientifiques, biologistes ou astronautes, tout est possible".
A 9 000 km au nord, une autre femme de science prépare une mission de la plus haute importance. Depuis sa première rencontre avec le requin-baleine, en 2014, la Bruxelloise Stella Diamant partage sa vie entre la Belgique et Madagascar pour étudier le plus grand poisson du monde. "Alors ça, c'est mon gros sac d'équipement. Là il est emballé, mais c'est un filet avec de tout petits trous qui permettent de laisser passer l'eau, mais de garder les petites proies du requin-baleine", explique-t-elle.
On est en train de réaliser que la zone qu'on étudie est extrêmement riche, avec plein d'autres espèces. On a vraiment cette responsabilité, maintenant, de tout faire pour la protéger. Stella Diamant, biologiste, apnéiste
Plus les années passent, plus le matériel scientifique prend de l'espace dans ses valises. "Cette année va être ma septième saison, ce sera la septième fois que je vais sur place, qu'on collecte des données, que je gère une équipe. C'est le seul projet sur les requins-baleines dans le pays aujourd'hui et on est en train de réaliser que la zone qu'on étudie est extrêmement riche avec plein d'autres espèces. On a vraiment cette responsabilité, maintenant, de tout faire pour la protéger."
La mobilisation de ces protectrices doit être à la hauteur des menaces grandissantes à l'échelle mondiale. Dans cet environnement sous pression, elles sont parvenues ensemble à inscrire la protection de la mégafaune marine dans la loi malgache. Madagascar, actuellement, est le seul pays en Afrique et dans l'océan Indien qui a une réglementation sur le requin-baleine. "Dans l'industrie du tourisme, c'est déjà un énorme pas qui a été accompli. Ce serait dommage de s'arrêter là".
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