Mamans solos : comment sortir du huis clos avec ses enfants ?

En France, une famille sur quatre est monoparentale. 85 % de ces familles sont composées de mères seules. À Paris, la structure associative "Chez moi et mes enfants" souhaite leur offrir une "deuxième maison". Objectif : les aider à sortir de l'isolement dans lequel elles sont souvent plongées et à prendre du temps pour soi.

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En France, les familles monoparentales sont en augmentation constante depuis les années 1970. Aujourd'hui, on estime à 2 millions le nombre de mamans solos. 
©Marcin/pixabay/droits libres
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Nous voulons offrir un espace où elles peuvent prendre un temps pour elles.
Olivia Barreau, fondatrice Moi et mes enfants

Une grande pièce bordée d'un coin cuisine et deux salles de jeu : ici, les mères viennent avec leurs enfants et peuvent "le faire garder pendant qu'elles travaillent dans l'espace de 'coworking', effectuent des démarches administratives, participent à des ateliers ou simplement prennent un café et rencontrent d'autres mamans", comme l'explique Olivia Barreau, fondatrice de ce lieu ouvert en novembre dernier, dans le 13e arrondissement de Paris.

Et "le soir de Noël, beaucoup de mamans sont seules, surtout si leur enfant va chez son père", ajoute de son côté Elsa, professeure de chant, qui est une des habituées de cet endroit. Cette année, elles ont décidé de cuisiner et passer le Réveillon ensemble.

Une famille sur 4 monoparentale en France

"Les mères arrivent lessivées, avec des emplois du temps surchargés. Au début, pour elles, l'enfant passe avant tout. Mais après quelques séances, elles voient les bienfaits pour la famille de prendre du temps pour elles", confie Olivia Barreau à l'AFP.

Des ateliers de parentalité, d'esthétique pour redonner confiance ou encore d'aide au retour à l'emploi sont proposés. En cette fin décembre, une formatrice aide trois mamans, qui toutes dorment avec leur enfant dans leur lit, à marquer une distance, fixer un cadre ou verbaliser leurs émotions.

Souvent, elles n'existent que par leur enfant, elles n'ont même pas un endroit où se reposer seules. Les tâches ménagères, la charge mentale, tout repose sur elles.
Aurélie Barnabot, animatrice Moi et mes enfants

"On a le droit de ressentir des émotions et de dire (à ses enfants) 'Je suis fatiguée'. Cela les aide eux aussi à gérer leurs émotions", lance l'animatrice Aurélie Barnabot aux participantes.

"Souvent, elles n'existent que par leur enfant, elles n'ont même pas un endroit où se reposer seules. Les tâches ménagères, la charge mentale, tout repose sur elles", explique-t-elle.
 

"Prendre du temps pour soi"

"Nous leur disons de ne pas culpabiliser de prendre du temps pour soi car il est essentiel d'être bien dans ses baskets. Plus qu'un droit, c'est un devoir car le parent solo est sans filet: s'il craque, il n'y a personne pour prendre le relais", ajoute Olivia Barreau.

Un abonnement donne accès à toutes les activités, gardes d'enfant comprises. Son montant dépend du quotient familial. Il est de 220 euros à l'année pour la tranche la plus basse. On peut également s'inscrire à des ateliers, au cas par cas. Les mères sont très largement majoritaires mais "Chez moi et mes enfants" accueille aussi quelques pères.

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©Pygmalion editions
►Une famille sur quatre en France est monoparentale, soit deux millions de familles, des mamans solos dans 8 cas sur 10, selon l'Insee. 

►85% des familles monoparentales reposent sur les épaules des femmes.

►Dans son récent rapport « Femmes et précarité », le Conseil économique, social et environnemental (CESE) tirait la sonnette d’alarme sur la situation des femmes seules. « Sur les 8,6 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté, 4,7 millions sont des femmes », soit près de 55 %.


►Dans un tiers des familles monoparentales, le parent n'a pas d’emploi, selon l'Insee.
En 2018, 41% des enfants mineurs vivant en famille monoparentale étaient considérés comme pauvres par l'Insee.


La journaliste Nathalie Bourrus signe un ouvrage consacré à ce sujet : Maman solo-les oubliées de la République (Editions Pygmalion). Ces mères représentent aujourd’hui plus de 2 millions de femmes en France. Pour la journaliste, elles sont les "oubliées de la république", parce qu'abandonnées tant par l’État que par les entreprises.

Plusieurs des mères présentes sont sans emploi, faute de mode de garde ou en raison de son prix trop élevé, et elles dépendent d'aides sociales. 

Rompre l'isolement et ne pas se sentir jugée

Olivia Barreau, 41 ans, ancienne comédienne, s'est retrouvée seule avec deux jeunes enfants en 2015. Elle a créé l'association "Moi et mes enfants" pour rompre l'isolement des familles monoparentales et leur donner plus d'opportunités: séjours de vacances, programmes pour faciliter l'accès au logement, jusqu'à ce tiers-lieu pionnier, financé notamment par la Mairie de Paris.

Ici, je rencontre des femmes qui ont des problèmes similaires aux miens. On s'entraide, on se garde les enfants mutuellement.
Une maman

"Ici, je ne me sens pas jugée comme dans ma famille", explique une jeune mère d'origine malienne, qui veut garder l'anonymat. "J'ai du mal à me faire entendre de mon fils. Ici, je rencontre des femmes qui ont des problèmes similaires aux miens. On s'entraide, on se garde les enfants mutuellement".

C'est par ce réseau qu'elle a trouvé une autre mère pour l'héberger, alors qu'elle attend en vain un logement social. Elle s'apprête à déménager, là encore chez une femme rencontrée à l'association.