Manspreading : l'étalement masculin pointé du doigt dans le métro parisien
Après New-York ou Seattle, à l'origine du mouvement, et tout récemment Madrid, Paris est entré dans la lutte contre le "manspreading", cet étalement masculin dans les transports en commun. A l'origine de cette action dite "de sensibilisation", plusieurs associations féministes, qui attendent des autorités une prise de conscience.
"L'ouverture des cuisses n'est pas utile" peut-on lire sur ces autocollants apparus au début du mois de juillet dans les rames du métro parisien. Ouverture des cuisses, masculines en l'occurrence... Vous l'aurez sans doute compris, à moins que vous n'ayez échappé à ce mouvement qui agite les réseaux sociaux depuis plusieurs mois, voire plusieurs années chez nos ami(es) américain(es). Il s'agit bien ici de "manspreading", mot à mot de "mâle étalement".
Le but de cette action lancée fin juin 2017 est de sensibiliser les voyageuse(ur)s et de susciter le débat sur cette pratique de certains hommes, et en particulier des passagers dans les transports publics, qui s'asseoient les jambes très écartées, de sorte qu’ils empiètent sur les sièges voisins.
Des militantes féministes ont collé des dizaines d'autocollants dans les 14 rames du métro parisien pour sensibiliser les voyageuses.rs au phénomène du "manspreading".
"Un phénomène de domination masculine qui s’inscrit dans une société sexiste qui nous apprend que les hommes sont plus légitimes que les femmes à occuper l'espace public", précise le communiqué commun publié par trois associations féministes (leseffrontees@gmail.com, brigadeantisexiste@gmail.com,
Au total, plusieurs centaines de notes explicatives ont été collées dans 30 rames couvrant ainsi les 14 lignes de métro. De la même façon que les pictogrammes de la RATP rappellent de ne pas utiliser les strapontins en cas d’affluence ou de veiller à la fermeture des portes pour ne pas se faire écraser les doigts, ces autocollants ont pour vocation d’inviter les hommes à laisser de la place à leurs voisines et à ne pas polluer le champ visuel avec leurs entrejambes. Le collage a été accompagné par de nombreux encouragements, surtout de la part des passagères, nous indiquent les militantes qui ont participé à cette opération.
#manspreading
Les militantes souhaitent aussi interpeller les pouvoirs publics pour qu'ils s'intéressent à ce phénomène, voire qu'ils prennent des mesure. C'est ce qui a été fait dans d'autres pays, aux Etats-Unis, au Japon et ou bien encore récemment en Espagne.
"Malgré une réalité étayée, le problème semble peu pris au sérieux. Il y a quelques jours, la RATP et le STIF déclaraient au quotidien 20 Minutes n'avoir entamé "ni réflexion, ni prise de position sur le sujet", s'insurgent les associations dans leur communiqué transmis aux médias.
"Osez le féminisme", qui a alerté sur le syndrome "couilles de cristal" dès 2014 et proposé le visuel des autocollants apposés, invite depuis quelques jours les passagères des transports victimes de manspreading à envoyer leurs témoignages à la régie des transports parisiens.
Mi-juillet, la pétition sur le site change.org. a déjà recueilli près de 18 500 signataires. Celle-ci interpelle le STIF, établissement public qui gère les transports en commun dans la région et qui est présidé par Valérie Pécresse. La présidente de la région Ile-de-France a décidé de lancer un état des lieux du "délicat problème". Selon son cabinet, qui ne précise pas de date, cette étude sera faite dans les prochains mois. Une campagne de lutte contre le harcèlement sera mise en place en 2018-2019. "Celle-ci pourra être élargie pour permettre la lutte dans les transports contre tous les harcèlements et les incivilités pouvant y conduire".
S'inspirant de ce qui a déjà été mis en place dans les transports en commun de Madrid et de New York, cette campagne pourrait comprendre un dispositif d'affichage dans les couloirs ainsi que des pictogrammes à bord des rames. L'opposition Front national (FN) au conseil régional a qualifié cette initiative de "lubie féministo-médiatique du moment".