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En 2017, la ville choisie pour accueillir le plus gros rassemblement de la Women's march ne pouvait être que Washington, siège de tous les pouvoirs politiques américains, à commencer par la Maison Blanche, dont le locataire alors entrant était Donald Trump. Un homme d'affaires dont le vocabulaire, les manières et les intentions affichées portaient la marque d'une menace sur les droits des femmes. Un raz de marée de femmes coiffées d'un bonnet en forme de pussy hat avait envahi les rues de la capitale fédérale et de toutes les villes des Etats-Unis, grandes ou petites. Et bien au-delà.
Le "Pussy Hat Project" qui avait appeler les marcheuses et marcheurs à tricoter, puis à enfiler sur leur tête des couvre-chefs roses aux oreilles pointues, avant de descendre occuper l'espace public, avait essaimé dans les pays occidentaux, mais pas seulement. Tant de Pussy hats pour rappeler à ceux et celles qui l'auraient oublié cette manifestation de gloriole du candidat Trump se vantant en public "d'attraper les femmes par leur chatte" (pussy en anglais).
De l'avis de tous les analystes, avec ses 3 millions de marcheuses rien qu'aux Etats-Unis, le 21 janvier 2017 marque le début de cette année 2017 traversée par le féminisme, mot de l'année le plus recherché dès cette date selon Merriam-Webster, l'une des plus anciennes maison d'édition américaine, spécialisée dans la publication de dictionnaires et d'ouvrages scientifiques, dont le palmarès annuel est toujours très attendu : "2017 aura vu un nombre conséquent de recherches autour mot féminisme avec des pics de consultation liés à des événements précis." Dont la Women's march, qui a aussi inspiré de nombreux artistes.
One Year Later: Artists Reflect on the Women’s March https://t.co/gTpNiL1huJ
— Terry McCarty (@TVMCCA) 19 janvier 2018
La marche des femmes part donc pour cette nouvelle édition 2018 de Philadelphie sur la côte Est le samedi 20 janvier avant de se répandre dans près de 300 villes déjà répertoriées aux Etats-Unis, puis à travers le monde, principalement en Europe, mais aussi en Afrique - Côte d'Ivoire, Nigéria, Zambie ou Kenya -, en Asie - surtout Thailande, Chine, Japon -, en Océanie ou en Amérique du Sud. Et les appels à y participer se multiplient. Pour une affluence record.
C'est que le 20/21 janvier 2017 est aussi marqué d'une pierre noire pour beaucoup de citoyen.ne.s des Etats-Unis : ce jour-là, Donald Trump prenait ses fonctions de président et pour une bonne moitié d'Américaines, il incarnait un voile noir sur leurs droits chèrement acquis, en particulier sur les droits reproductifs, l'IVG et la contraception - comme il le confirmait à la veille de cette marche des femmes en soutenant publiquement le 19 janvier 2018, via un message vidéo d'autres manifestants, les anti-avortement de la "Marche pour la vie". Même si pour un nombre non négligeable d'associations féminines américaines, il n'apparaissait pas, et n'apparaît toujours pas si anti femmes que cela, avec parmi son groupe d'hommes blancs, des figures de proue féminines, visibles et bruyantes...
Le site international et national de la Women's march vous aide à trouver tous les défilés, aux Etats-Unis et ailleurs.
Le point culminant sera alors atteint le 21 janvier à Las Vegas dans le Nevada, et les marcheuses espèrent y être en très grand nombre. Une ville choisie non pas pour son industrie du divertissement ou ses casinos mais parce qu'elle est la plus grande métropole d'un Etat qui sera le théâtre de l'une des clés des élections de "midterm" le 6 novembre 2018. Une ville qui a aussi "été secouée par la plus grande tuerie de masse de l'histoire moderne des Etats-Unis" expliquent les organisatrices comme autre argument de leur choix (Le 3 octobre 2017, un retraité de 64 ans avait tué à Las Vegas 59 personnes sans raison apparente). Un massacre de plus, causé selon elles par ce fameux deuxième amendement qui permet la possession d'armes à feu sans limite dans ce pays. Symbole d'une culture machiste qui laisse d'inombrables morts année après année. Et enfin, une ville marquée à la fin 2017 par le retentissant procès d'une figure de la police locale, Joshua Honea reconnu coupable d'agressions sexuelles sur une mineure de 16 ans.
Las Vegas ou la cité témoin d'une nouvelle ère politique, celle de l'avènement des femmes pour changer le modèle de gouvernance.
C'est que les données politiques ont changé depuis l'avénement au pouvoir de Donald Trump. Les élections partielles sont gagnées les unes après les autres par les démocrates, y compris dans des fiefs républicains réputés imprenables, comme en Alabama, en novembre 2017, où ce sont justement les femmes qui ont rejeté le candidat républicain, grand favori de cette sénatoriale. Roy Moore, ancien président de la Cour suprême de cet Etat ultra-conservateur du Sud, sûr de lui, proche de Donald Trump, était accusé de nombreuses agressions sexuelles. On le voyait souriant et narquois tout au long de la campagne. Il a été balayé par les électrices.
Les organisatrices de la Women's March 2018 ont choisi un mot d'ordre pour traduire leur volonté de changer leur monde : "L'ascension de la femme c'est l'ascension de la nation."
Lors des scrutins prévus d'ici novembre 2020, prochaine présidentielle américaine, les femmes, qu'elles soient d'un bord ou de l'autre, démocrates ou républicaines, affichent l'intention d'être le fer de lance de nouvelles pratiques politiques. Le journaliste Christian Latreille et le réalisateur Marcel Calfat de Radio Canada sont allés à la rencontre de ces femmes ébranlées par la présidence Trump, des novices certes, mais bien décidées à ne plus se laisser faire. Et qui apprennent lors de séances d'entrainement à garder confiance en elles, à ne plus se sentir désarçonnées à la première insulte. Et qui seront dans la rue les 20 et 21 janvier 2018.
En racontant souvent nos histoires, avec force et sincérité, et en disant aux gens ce que nous ferons pour eux, personne ne peut nous arrêter. Nous devenons invincibles.
Erin Vilardi, Fondatrice de @VoteRunLead "pour rendre les femmes puissantes"